«Le pape François, un homme de parole»: un film engagé
Comment rendra-t-on compte, dans dix ou vingt ans, du pontificat du pape François? Le film documentaire du cinéaste allemand Wim Wenders, Le pape François. un homme de parole, qui sort dans les salles romandes le 13 juin 2018, apportera sans doutes quelques réponses, à la veille de la visite du pontife à Genève le 21 juin.
Le film de Wim Wenders parcourt à grandes enjambées les cinq ans du pontificat de Jorge Mario Bergoglio, apparu un soir sur le balcon de la basilique Saint-Pierre et dont le «Buona sera (bonsoir!)» a surpris et ému.
Le scénario, simple, est bâti autour de trois axes: François d’Assise, inspirateur du pape, les voyages du pape François et les messages du souverain pontife.
Le Poverello d’Assise
Pour chaque piste, le réalisateur construit sa trame de manière originale, avec une voix off teintée d’accent allemand. Il reconstitue le parcours du saint d’Assise en filmant, en noir et blanc, les débuts d’un François joyeux et miséreux, habité de la mission reçue du Christ: reconstruire l’Eglise en ruines. Habilement, les scènes sont constituées à partir des fresques de Giotto racontant la vie de François, dans la basilique d’Assise.
Les voyages du pape viennent ensuite illustrer la mission du Saint-Père, disciple du Poverello, dans ses contacts avec les Grands (l’ONU à New York, Shimon Pérès et Mahmoud Abbas, le Congrès américain, les dignitaires religieux, etc.) et avec les plus humbles (de touchantes images dans les hôpitaux d’Afrique). De Jérusalem à Lesbos, de Rio de Janeiro à Bangui, de Philadelphie à Manille, le pape émeut, rassemble les foules, ne craint pas de provoquer et de faire rire. Les images de sa petite Fiat entourée des grosses limousines américaines à Washington constituent, à elles seules, le symbole éclatant de son message au monde, à la fois humble et fort.
Entretiens les yeux dans les yeux
Troisième ligne directrice du film, les entretiens directs du pape, face caméra. Les mots de François, captés les yeux dans les yeux, révèlent la profondeur de son enseignement. Ses thèmes de prédilection – la pauvreté, l’Eglise aux périphéries, la lutte contre le cléricalisme, la protection de la Création, l’accueil des migrants – sont développés de manière directe.
«Véritable curé du monde, le pape parle sans détours»
Véritable curé du monde, ouvert sur tous les problèmes de la planète, le pape parle sans détours. Et son verbe, habité par le souci de rendre à l’homme sa dignité, porte. Ses conseils aux parents («Prenez du temps pour écouter, car nous vivons dans un monde de sourds») comme aux parlementaires américains révèlent un homme habité du sens de sa mission. Les entretiens, filmés dans son bureau ou dans les jardins du Vatican, montrent à quel point le pape François sait utiliser avec finesse ce média pour convaincre, argumenter, faire bouger.
Un homme libre et engagé
Le montage du film intègre alternativement les épisodes de la vie de François d’Assise, les voyages et les entretiens avec le pape. Grâce à des images variées, la mission du pape prend une dimension planétaire. «La tendresse est une force», dit-il. Et le courage de cet homme libre et engagé donne au film une valeur non seulement documentaire, mais aussi spirituelle.
«Dans le fond comme dans la forme, l’exercice suscite l’adhésion»
Abordant avec courage et humilité les difficultés de notre époque, le 265e successeur de Pierre utilise le cinéma pour rejoindre ses contemporains. Au moment où l’évêque de Rome se déplace à Genève, sa parole prend encore plus l’ampleur à travers ce film.
Le réalisateur allemand Wim Wenders, primé à Cannes pour son film Les Ailes du désir en 1987, est revenu cette année au Festival pour présenter son nouvel opus. L’accueil en a été très positif. A partir du 13 juin, les spectateurs romands pourront se faire leur idée. Dans le fond comme dans la forme, l’exercice ne peut que susciter l’adhésion et l’admiration. (cath.ch/bl/)