Sénégal : Levée de boucliers après des propos d’un ex-Premier ministre sur la Mecque
L’ex-Premier ministre et opposant sénégalais Idrissa Seck, candidat à l’élection présidentielle de février 2019, a suscité une vague d’indignation et de protestation au Sénégal et à l’étranger pour avoir remis en cause La Mecque comme lieu de référence et de pèlerinage des musulmans.
Interrogé sur le conflit israélo-palestinien, au lendemain du transfert de l’ambassade des Etats-Unis de Tel-Aviv à Jérusalem, Idrissa Seck a répondu que «le conflit entre Israël et les Arabes est né d’une querelle entre demi-frères. Tous les prophètes sont descendus de la branche d’Isaac. «Jusqu’à Jésus Christ, qui était un rabbin, ils étaient tous juifs. Un beau jour, un bédouin arabe d’Arabie s’est autoproclamé prophète, en disant : ‘je suis celui qui clôture la liste des prophètes et je suis le patron de tous ceux qui m’ont précédé. Ils ont tous préparé ma venue’. Les gens se sont alors emportés, en s’interrogeant comment un prophète peut-il venir des Arabes?».
Juifs et arabes sont demi-frères
«Cette querelle de rivalités entre demi-frères doit être dépassée», a-t-il poursuivi. «Le fait que les juifs aient survécu à toutes les agressions de toutes les époques, devrait les prédisposer à être, vis-à-vis des Palestiniens et du reste du monde, beaucoup plus miséricordieux, humbles et moins violents. Ils ont vécu l’Holocauste, et ils savent ce que signifie subir une violence et une injustice. Mon sentiment est de ce fait, qu’une grande initiative devrait être prise par le Sénégal pour réconcilier les demi-frères. Il a l’expérience de résoudre les différends entre demi-frères, à cause de la polygamie», a-t-il ajouté.
Pourquoi le lieu de pèlerinage serait-il La Mecque et pas Jérusalem?
Mais ce sont surtout ses propos sur le pèlerinage de La Mecque qui ont suscité l’indignation. «Lors d’un voyage à la Mecque, en discutant avec l’un des imams de la Kaaba, je lui ai dit que Dieu dans le Coran ne parle pas de Makka (La Mecque), mais de Bakaah qui renvoie étymologiquement aux pleurs». «Pourquoi penserait-on que le lieu de pèlerinage serait la Mecque et pas Jérusalem?»
Les groupes religieux du pays et de nombreux dignitaires musulmans ont dénoncé cette déclaration, qu’ils considèrent comme blasphématoire et apostate. Pour Sidy Lamine Niasse, propriétaire d’un groupe de presse, «Idrissa Seck s’est exclu de l’islam à travers ses considérations indignes de cette religion et de son prophète».
De nombreuses voix arabes de l’étranger se sont jointes à cette indignation. Dans un communiqué, L’Organisation islamique pour l’éducation les sciences et la culture (ISESCO) a condamné fermement ces propos, «indignes d’un ancien Premier ministre, qui plus est, aspire à devenir un président de la République». Elle a invité le gouvernement du Sénégal à prendre une position ferme sur les propos qui appellent à «la haine sur la base de mensonges». (cath.ch/ibc/mp)