Nicaragua: L’Église sera médiatrice «pour démocratiser le pays»
La Conférence épiscopale du Nicaragua (CEN) a accepté d’être «médiatrice et garante» du dialogue national entre le régime de Daniel Ortega et la société civile, après plusieurs jours de protestations populaires durement réprimées par la police et l’armée.
Dans un communiqué, Mgr Leopoldo Brenes, cardinal-archevêque de Manágua, la capitale, a indiqué qu’il avait accepté d’être le médiateur dans le cadre du dialogue national proposé par le président Daniel Ortega. Le prélat en a profité pour demander à tous, gouvernement et société civile, l’interruption de toute violence et hostilité pour créer un climat propice aux conversations.
«Il est essentiel que le gouvernement comme chaque membre de la société civile évitent tout acte de répression ou de vandalisme à l’égard de propriétés publiques ou privées. Il convient également que soit observé un respect absolu de la vie humaine de la part de chaque citoyen nicaraguayen.
«Dialoguer est un risque»
Sur la chaine CNN en espagnol, Mgr Silvio José Báez, évêque auxiliaire de Manágua, a précisé que les représentants de l’Église catholique qui serviront de médiateurs seront Mgr Leopoldo Brenes, ainsi que les évêques mgr Rolando Álvarez (Matagalpa), Mgr Bosco Vivas Robelo (León), et lui-même.
Mgr Silvio José Báez a également affirmé que «le dialogue ouvert par le régime de Daniel Ortega et de son épouse, Rosario Murillo, est un risque pris qui peut se révéler n’être qu’une stratégie pour gagner du temps et rester à la tête du pays de manière despotique et autoritaire. Mais l’Église est disposée à courir ce risque, malgré l’absence dans ce pays d’une culture du dialogue et malgré le fait qu’au niveau politique, le mot «dialogue» est souvent synonyme de pacte entre dirigeants et commandants».
Manifestants remis en liberté… rasés !
Dans une volonté de «reconquête» d’une opinion publique largement critique à son égard, le président Daniel Ortega a ordonné vendredi la remise en liberté de 80 des 300 manifestants arrêtés et détenus ces derniers jours. Bon nombre de ces personnes ont été abandonnées dans la banlieue de la capitale, la tête rasée et les vêtements déchirés.
38 morts parmi les manifestants
D’après plusieurs organisations de défense des droits humains, les affrontements qui se sont multipliés depuis le 19 avril auraient entrainé la mort de 38 personnes parmi les manifestants, dont plusieurs étudiants.
Cette répression a d’ailleurs provoqué une vague d’indignation au niveau international. L’Organisation des Nations Unies (ONU) a pour sa part demandé l’ouverture d’une enquête sur les violences. (cath.ch/jcg/mp)