Vatican: un accord «imminent» avec Pékin démenti par le Saint-Siège
Un accord entre la Chine et le Vatican pourrait être signé «’d’ici la fin du mois de mars», a affirmé Joseph Guo Jincai, secrétaire de la Conférence des évêques chinois, selon des propos rapportés par le quotidien pro-gouvernemental chinois Global Times le 28 mars 2018. Un accord démenti par Greg Burke, directeur du bureau de presse du Saint-Siège le 29 mars.
«Les négociations sont dans la dernière ligne droite», a assuré l’évêque nommé par Pékin mais non-reconnu par Rome. Pour Joseph Guo Jincai, cet accord concernerait la question de la nomination des évêques mais aussi «des préoccupations communes» entre les deux parties, comme la promotion de la paix. Si l’accord pourrait être signé avant le mois d’avril, la date exacte dépendra «de détails et de points techniques», a-t-il précisé.
Pour Wang Meixiu, chercheur à l’Académie chinoise des sciences sociales, interrogé par le Global Times, un éventuel accord sur la nomination des évêques ne pourra toutefois pas avoir lieu tant que le Vatican ne reconnaîtra pas les sept évêques nommés par Pékin. Parmi ceux-ci, figure notamment Joseph Guo Jincai.
Selon une source proche du dossier citée par l’Agence France Presse le 29 mars, le Vatican pourrait reconnaître ces sept prélats «dans l’espoir que Pékin accepte l’autorité du pape comme chef de l’Eglise catholique en Chine». En ce sens, Rome aurait demandé en décembre leur démission aux évêques nommés par le pape dans des diocèses où se trouve aussi un évêque nommé par le gouvernement. Ainsi, le Saint-Siège pourrait reconnaître l’évêque nommé par Pékin puis nommer auxiliaire l’évêque démissionnaire.
«Aucune signature imminente»
«Je peux affirmer qu’il n’y a aucune signature imminente d’un accord entre le Saint-Siège et la Chine», a déclaré Greg Burke dans un communiqué transmis par le Vatican le 29 mars 2018. Il répond ainsi directement aux déclarations de Joseph Guo Jincai, reprise par le quotidien pro-gouvernemental Global Times la veille.
Dans sa déclaration, Greg Burke souligne également que le pape François «reste en contact permanent avec ses collaborateurs sur les questions chinoises et accompagne les étapes du dialogue en cours». Il vient ainsi répondre à ceux qui estiment que les négociations seraient principalement une volonté de la Secrétairerie d’Etat et non du pontife lui-même. Le cardinal Joseph Zen, archevêque émérite de Hong Kong et très opposé à un accord, avait notamment pu tenir des propos en ce sens.
Un accord «imminent» plusieurs fois annoncé
La question de la nomination des évêques est en effet particulièrement épineuse. Pour l’Eglise catholique, la succession apostolique impose une nomination par le pape, successeur de Pierre. Pour sa part, la Constitution chinoise interdit aux fidèles d’une religion d’être «assujettis à une domination étrangère» (article 36).
Le 27 mars, le journal français La Croix avait rapporté qu’une délégation chinoise était actuellement à Rome pour discuter de cet accord. Celui-ci a déjà été annoncé comme imminent à plusieurs reprises, notamment en février 2017 par le cardinal John Tong Hon, alors évêque de Hong Kong. (cath.ch/imedia/xln/bh)