Sao Paulo, le Père Julio Lancellotti est menacé parce qu'il aide les pauvres | © jean-Claude Gerez
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Sao Paulo: un prêtre défenseur des sans domicile menacé de mort

Le Père Julio Lancellotti, qui travaille depuis plus de 30 ans avec les populations marginales de São Paulo, au Brésil, a été l’objet de plusieurs menaces de mort sur les réseaux sociaux. Il s’inquiète de la montée de l’intolérance.

«À mort le petit curé !». «Il faut envoyer ce prêtre en enfer !» «Cet homme (le prêtre) a déjà trop vécu. Il est temps qu’il retrouve le  Créateur !». Voici quelques uns des messages postés sur la page Facebook du du Père Julio Lancellotti au début du mois de mars. Au total, plusieurs dizaines de ces messages haineux ont été diffusés, accompagnés de «like» et autres applaudissements virtuels.

Âgé de 69 ans, le Père Julio se consacre depuis 34 ans à la cause des sans domicile fixe et des marginaux, notamment des usagers de crack, de São Paulo. Prêtre de l’église de São Miguel Arcanjo, de Mooca, un quartier plutôt cossu de la mégapole brésilienne, le religieux attribue ces menaces à la vague croissante d’intolérance qui touche actuellement le pays.

La haine du pauvre s’expose

«Les discours de haine ont toujours existé. Mais avant, ces personnes intolérantes restaient en retrait, ne s’exposaient pas. Désormais, je sens que ces gens se sentent libres d’invectiver et menacer, a indiqué le religieux devant la presse.

Pour le Père Julio, le fait de travailler avec les personnes qui vivent dans la rue est l’une des principales raisons de cette haine. «Le nombre des gens qui vivent dans la rue augmente, c’est un fait. Les causes de cette situation sont diverses, mais en grande partie liées au chômage et à la précarité. Les victimes sont de plus en plus visibles dans les rues, les parcs publics, ce qui n’est pas du goût de tous», analyse le prêtre.

Lettre au procureur, signée par l’archevêque

Sur les conseils de deux avocates, le Père Julio a fini par accepter de faire parvenir un courrier au procureur général du ministère public de Sao Paulo, l’informant sur ces menaces et demandant à ce que des mesures soient prises pour y mettre un terme. Le courrier a été paraphé par Mgr Odilo Scherer, l’archevêque de São Paulo, l’évêque auxiliaire, Mgr Luiz Carlos Dias, et plus de 200 personnes et institutions.

En plus des menaces de mort, certains messages postés sur les réseaux sociaux n’hésitent pas à accuser le prêtre d’avoir lui-même recours à l’usage de stupéfiants, voire de détourner des mineurs que le prêtre «retiendrait de force dans son église».

Habitué aux menaces

Le Père Julio reste serein. Il est vrai qu’il est habitué à recevoir des pressions, en particulier de l’administration municipale. Ainsi, en mai 2015, après avoir dénoncé la répression et le processus «d’hygiénisation sociale en raison de la spéculation immobilière». En septembre 2017, il avait critiqué avec véhémence la violence avec laquelle les forces de la police municipale et de la police militaire expulsaient les sans domicile fixe de leur campement précaires, n’hésitant pas à faire usage de gaz au piment.

«Je suis surtout triste de la manière dont on raite des gens qui vivent dans la rue. Les gens qui me menacent se servent d’eux pour tenter de m’atteindre et me nuire. J’ai appris que des SDF du centre ville ont été agressés en pleine nuit par des policiers  qui leur ont dit «alors, vous êtes des amis du curé ? Où est-il ?» (cath.ch/jcg/mp)

Sao Paulo, le Père Julio Lancellotti est menacé parce qu'il aide les pauvres | © jean-Claude Gerez
24 mars 2018 | 09:47
par Maurice Page
Temps de lecture : env. 2  min.
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