Sœur Nathalie Becquart: Les jeunes ont vraiment senti «l'appel à parler très librement»
Le pré-synode des jeunes se tient du 19 au 24 mars 2018 à Rome. Responsable de la pastorale des jeunes au sein de la Conférence des évêques de France, Sœur Nathalie Becquart a été nommée coordinatrice générale du pré-synode. Son rôle consiste notamment à aider la rédaction du document final qui sera remis au pape François le 25 mars. Pour la religieuse xavière, le document final reflétera l’appel du pape à parler en toute liberté, a-t-elle expliqué à l’agence I.MEDIA.
Que peut-on attendre de ce pré-synode et du document final?
Concrètement, ce pré-synode fait partie intégrante de la préparation du Synode d’octobre. Les travaux vont alimenter la réflexion pour élaborer l’instrumentum laboris. C’est une contribution directe de ces jeunes du monde entier. Le document final va être une réponse très forte à l’appel du pape qui leur a demandé de s’exprimer, sans taire les critiques. Les jeunes ont vraiment senti cet appel à parler très librement, à partager ceux qu’ils portent. Je ne sais pas encore ce qu’il diront, mais le texte qui sortira sera le reflet de ce qui aura convergé entre tous les groupes.
Un premier thème qui semble ressortir est le désir chez les jeunes d’un accompagnement de la part de l’Eglise. Comment cela se traduit-il?
On sent une soif très grande de ces jeunes qui vivent dans un monde complexe, qui bouge très vite. Ils se posent beaucoup de questions et pour cela, ils attendent des pasteurs, des guides dans la foi et la vie qui soient proches d’eux. Dans beaucoup de pays – y compris en France – les jeunes ont une certaine défiance vis-à-vis de l’Eglise mais aussi de toutes les institutions. La clef de la confiance, c’est de bâtir une relation de proximité. Quand ils rencontrent comme ici des prêtres et des cardinaux par des moments simples en commun, le contact se fait très facilement. C’est un appel pour l’Eglise, afin qu’elle soit très incarnée et rejoigne les jeunes dans leurs milieux de vie, dans leurs préoccupations. C’est d’ailleurs ce que ne cesse de dire le pape: une Eglise accueillante, qui ne juge pas mais ose aussi donner des repères, le trésor de l’Evangile.
Comment manifester cette proximité auprès des jeunes non-croyants ou en questionnement sur la foi?
Les jeunes non-croyants présents à ce pré-synode se sont sentis d’emblée accueillis et au milieu des autres. Ils découvrent qu’au-delà des différences de culture, de langue ou de religion, il y a une commune humanité. Cette rencontre est organisée par l’Eglise mais reste ouverte à la diversité. Rien n’est obligatoire, mais j’ai vu des non-croyants participer à la messe. Par là, ils découvrent l’universalité très forte du message de l’Eglise. Le chemin que propose le Christ, c’est un chemin de vie, celui de l’amour et de la vérité. Les jeunes n’aspirent pas forcément à des choses très compliquées, mais à des espaces qui permettent cette expérience du questionnement et de l’enracinement dans la foi. Beaucoup m’ont dit leur souhait d’approfondir leur foi, de la creuser.
Le pape a aussi évoqué la possibilité de ›responsabilités’ pour les jeunes au sein de l’Eglise. Comment cela peut-il se concrétiser?
Comme le dit le pape, l’important est d’ouvrir des processus. Localement, il y a déjà beaucoup de lieux où les jeunes sont en responsabilité, en France nous en sommes vraiment témoins. Nous avons conscience que les premiers évangélisateurs des jeunes sont les jeunes eux-mêmes. Beaucoup de jeunes sont ainsi en responsabilité dans les aumôneries, dans les mouvements, dans les pastorales diocésaines… Pour aller plus loin, il faut appeler, former et accompagner des jeunes responsables qui vont contribuer à annoncer l’Evangile. Ce mouvement-là est déjà bien démarré en France et je crois qu’il est appelé à se poursuivre, à se renforcer et à se diffuser plus largement. (cath.ch/imedia/xln/rz)