La mosquée de Genève aurait vraiment changé d'orientation
Après des années d’accusations de radicalisation et de dysfonctionnements, la mosquée du Petit-Saconnex, à Genève, a un nouveau directeur. Pour le politologue Hasni Abidi, c’est le signe que la nouvelle orientation voulue par les Saoudiens se met réellement en place.
En visite à Genève en novembre 2017, le Saoudien Mohammed bin Abdulkarim al-Issa, secrétaire général de la Ligue islamique mondiale (LIM), avait assuré vouloir remettre de l’ordre dans la mosquée de la ville. La mosquée du Petit-Saconnex est sous la tutelle de la LIM, elle-même reprise en mains par le jeune prince héritier Mohammed bin Salman. Lors de sa visite, Mohammed bin Abdulkarim al-Issa avait déclaré vouloir «lutter contre toutes les idées extrémistes, cesser toute collaboration avec des personnes qui portent ces idées et même les dénoncer».
Redorer l’image de l’Arabie saoudite
Quelques mois plus tard, les changements promis ont effectivement eu lieu, rapporte le 12 mars 2018 le quotidien Le Temps. Quatre employés, dont deux imams, fichés S en France, ont été licenciés. Fahad Abdullah Sefyan, un diplomate saoudien choisi par le nouveau secrétaire général de la LIM, a remplacé le contesté Ahmed Beyari à la tête de la Fondation culturelle islamique de Genève (FCIG).
Pour Hasni Abidi, directeur du Centre d’études et de recherche sur le monde arabe et méditerranéen à Genève, «ce changement est le signe d’une nouvelle orientation voulue par les Saoudiens». Le politologue note que le prince Bin Salman, le nouvel homme fort d’Arabie saoudite, veut restaurer l’image écornée du Royaume en raison de la propagation des idéologies radicales. Son objectif est de rassurer l’opinion internationale quant à la volonté neuve de l’Arabie saoudite de ne plus soutenir le salafisme. Il a donc commencé par nommer un nouveau secrétaire général de la LIM qui n’appartient pas à l’aile radicale.
Un clergé marginalisé
Pour Hasni Abidi «ce nouveau visage de l’Arabie saoudite a neutralisé le pouvoir de nuisance exercé par le clergé, aujourd’hui marginalisé. Et la mosquée de Genève se retrouve, malgré elle, au centre de la nouvelle donne géopolitique».
Le politologue met beaucoup d’espoir dans cette nouvelle évolution, «car on veut une institution qui fonctionne de manière transparente et ouverte et qui permette aux musulmans genevois de sortir des caves!» Il espère que «le conseil de fondation saura établir une gestion démocratique, à l’image de ce pays, capable de réagir aux doléances des Genevois». (cath.ch/lt/rz)