Le Vatican, «pas le lieu approprié» pour des militants LGBT, affirme le cardinal Farrell

Le Vatican n’est «pas le lieu approprié» pour accueillir une conférence non-conforme à l’enseignement de l’Eglise, affirme le cardinal Kevin Farrell. Le préfet du Dicastère pour les laïcs, la famille et la vie est revenu le 1er mars 2018 sur la polémique autour de l»«²organisation d’une conférence au Vatican intégrant des militants LGBT (Lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres).

Le 8 mars, l»«²association Voices of Faith (Voix de la Foi) organisera à Rome une conférence autour de la place de la femme dans l»«²Eglise. L’objectif de cette manifestation est de «donner aux femmes catholiques les moyens de prendre part» aux décisions dans l’Eglise. La date de la conférence est choisie en fonction de la célébration de la Journée internationale des femmes, le 8 mars.

Position «contraire à l’enseignement de l’Eglise»

Originellement, la conférence aurait dû se tenir à la Casina Pio  IV, au Vatican, pour la quatrième année consécutive. Le 2 février dernier, deux participantes et militantes LGBT avaient été refusées par le cardinal Farrell en raison de leur position «contraire à l’enseignement de l’Eglise».

Etaient visées l’ancienne présidente d’Irlande Mary McAleese, une catholique de premier plan qui a étudié le droit canon à Rome, et l’avocate ougandaise Ssenfuka Juanita Warry. Cette dernière est la fondatrice d’une association de défense des personnes LGBT en Ouganda – où elles sont pourchassées et risquent la prison à vie, voire la mort. Toutes deux ont été barrées de la liste des noms approuvés par le cardinal Farrell, qui fut prêtre de la congrégation des Légionnaires du Christ.

Prêtres irlandais «surpris»

Le fils de Mary McAleese, Justin, est un homosexuel connu, catholique et militant de premier plan lors du référendum sur le mariage homosexuel de mai 2015 en République d’Irlande. L’Association des prêtres catholiques d’Irlande a été surprise de la mesure visant Mary McAleese et Mgr  Diarmuid Martin, archevêque de Dublin a fait savoir dans un communiqué que ni lui ni son bureau n’ont été consultés à ce propos. La presse irlandaise et anglo-saxonne a largement répercuté le veto du cardinal Farrell, lui-même natif de Dublin.

«Le pape doit être en accord avec tout ce qui se déroule» à l»«²intérieur des murs de la Cité-Etat du Vatican, a expliqué le prélat en marge de la présentation du livre Lexique du pape François, publié ce mois-ci. Lorsque le cardinal Farrell, à l’origine parrain de cet évènement, a appris de quoi il s’agissait réellement, il a estimé que son parrainage «n»«²Ã©tait pas approprié».

Pas question de recevoir des participantes LGBT au Vatican

«Ce n»«²est pas que nous ne voulons pas écouter» ni dialoguer, a assuré le cardinal américain. Mais il faut savoir distinguer «ce qui est à l»«²intérieur et hors du Vatican», estime-t-il. C»«²est un point «très important» qui «semble avoir été oublié» dans cette polémique. Les conditions pour que la réunion annuelle de l»«²association se tienne, cette année encore, au Vatican n»«²Ã©taient donc, selon lui, pas réunies.

En réaction à cette décision du cardinal Farrell, l’association de défense de l’égalité homme-femme dans l’Eglise a préféré déplacer sa conférence au siège des Jésuites, à Rome, à 500 m du Vatican.

Contradiction: «Qui sommes-nous pour juger ?»

Alors que le cardinal allemand Reinhard Marx assurait que l’Eglise devait demander pardon aux homosexuels pour les avoir discriminés, le pape François avait réaffirmé le besoin de les «accompagner pastoralement», sans les discriminer, lors de sa traditionnelle conférence de presse en plein ciel, à son retour d’Arménie, le 26 juin 2016. «Qui sommes-nous pour juger ?» avait lancé le pape.

«L’Eglise ne doit pas seulement demander pardon aux personnes gays qu’elle a offensés, avait alors ajouté le pape, mais elle doit aussi demander pardon aux pauvres, aux femmes exploitées, aux enfants exploités par le travail. Elle doit demander pardon d’avoir béni tant d’armes».

«Une personne qui vit cette condition, qui a une bonne volonté, qui cherche Dieu, qui sommes-nous pour la juger?», avait-il alors déclaré, reprenant des propos prononcés dans l’avion qui le ramenait de Rio de Janeiro à Rome à l’été 2013. (cath.ch/imedia/pad/be)

 

 

 

L'ancienne présidente d’Irlande Mary McAleese, une catholique de premier plan | © www.thetablet.co.uk
2 mars 2018 | 16:53
par Jacques Berset
Temps de lecture : env. 3  min.
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