Egypte: Condamnation à mort de l'assassin du Père copte Samaan Shehata
La Cour pénale égyptienne a prononcé une sentence définitive de condamnation à mort contre Ahmed El-Sonbaty, l’assassin du Père Samaan Shehata, un prêtre copte orthodoxe de 51 ans, tué le 12 octobre 2017, à Madinat el-Salam, un quartier pauvre du Caire. Le jeune fanatique musulman avait également blessé le Père Bayman Moftah, de l’église El-Malak à Matay, en Haute-Egypte, qui l’accompagnait.
Le Père Shehata était archiprêtre de l’église Saint-Jules d’Aqfahs, à Al-Fashn, dans le gouvernorat de Béni Suef, en Haute-Egypte. Le prêtre copte accomplissait une visite au Caire pour raisons familiales et pour récolter des dons pour sa paroisse. L’assassin, qui vivait à Madinat el-Salam, s’était radicalisé il y a un an déjà et s’en prenait aux chrétiens depuis lors. Il avait été interrogé par la police à plusieurs reprises.
Un fanatique musulman connu de la police
Le verdict du tribunal intervient deux mois après la condamnation de l’assassin âgé de 19 ans à une sentence préliminaire de peine de mort, qui devait être confirmée. Bien que la défense ait plaidé la maladie mentale, le procureur a estimé qu’Ahmed El-Sonbaty était bel et bien sain d’esprit et que son acte était prémédité. L’assassin était «pleinement conscient» en commettant son crime. L’accusation a ajouté que El-Sonbaty a dit qu’il ne connaissait pas personnellement les prêtres qu’il a agressés avec un couteau de boucher, mais il s’en est pris à eux dès qu’il les a vus en vêtements religieux coptes, a rapporté le 12 février 2018 le site Ahram Online.
La sentence préliminaire avait été renvoyée au Grand mufti d’Al-Azhar, la plus haute institution religieuse d’Egypte, appelé à donner au juge son opinion sur le verdict. Cet avis est légalement requis dans les affaires de peine de mort, bien qu’il ne soit pas contraignant. La sentence finale, prononcée avec l’approbation du mufti, peut encore faire l’objet d’un appel.
Vague d’attentats terroristes visant les chrétiens
Le nombre d’attaques contre les chrétiens égyptiens, qui représentent environ 10 pour cent des 94 millions d’habitants vivant en Egypte, a explosé ces deux dernières années, avec une série d’attentats-suicides à la bombe revendiqués par le groupe d’Etat islamique, qui fait plus de 100 victimes depuis décembre 2016, selon diverses sources.
Depuis cette date, trois églises coptes ont été la cible d’attentats terroristes qui ont coûté la vie à des dizaines de fidèles. Le 26 mai 2017, les tueurs de Daech, le groupe Etat islamique (EI), ont assassiné 29 chrétiens lors d’une attaque contre un bus de pèlerins coptes qui se rendaient en excursion au couvent antique d’Amba Samuel, situé dans le désert de la province de Minya, en Haute-Egypte. Le porte-parole de l’Eglise catholique confirmait alors un plan prémédité des islamistes qui chercheraient ainsi à vider le Moyen-Orient de ses chrétiens.
En 2016, une cinquantaine d’attaques ont visé les minorités religieuses en Egypte, selon le Tahrir Institute for Middle East Policy (TIMEP), basé à Washington.
Le dernier attentat sanglant remonte au 29 décembre 2017 au soir, quand un terroriste islamique a tué une dizaine de personnes à l’entrée de l’église Mar Mina (Saint Ménas), dans la banlieue d’Hélouan, à environ 30 km au sud de la capitale égyptienne Le Caire. (cath.ch/ahram/be)