Des soldats philippins inculpés pour le meurtre d'un prêtre italien en 2011
Le meurtre en 2011 d’un missionnaire italien sur l’île de Mindanao, aux Philippines, pourrait bientôt être élucidé. Le ministère de la Justice des Philippines a ordonné, le 2 janvier 2018, la mise en accusation de deux militaires de haut rang et plusieurs membres d’une milice pour ce crime.
Le Père Fausto Tentorio, membre de l’Institut Pontifical pour les Missions Etrangères de Milan qui travaillait avec les populations tribales depuis 1978, a été abattu dans l’enceinte de la paroisse à Arakan le 17 octobre 2011.
Les procureurs d’État ont annoncé que des accusations de meurtre seraient portées contre le lieutenant-colonel Joven Gonzales, le major Mark Espiritu et plusieurs membres d’un groupe paramilitaire de la province de Cotabato Nord, rapporte l’agence catholique Ucanews.
Mgr José Colin Bagaforo, évêque de Kidapawan, a accueilli la nouvelle en disant que les gens de son diocèse ont «prié et attendu ce temps de justice». Pour le prélat, les hommes qui sont maintenant accusés ne pourraient cependant n’être que des pions. Il espère que ce nouveau développement fera sortir la vérité.
Selon Le procureur général Peter Ong au moins 30 témoins très spontanés dans leurs récits ont déjà exprimé leur volonté de témoigner. Le Père Tentorio avait été tué d’au moins dix coups de feu par des membres du groupe paramilitaire Bagani. «Le meurtre a été planifié sept jours avant l’exécution», a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse. Il a néanmoins exclu un «angle politique» dans le meurtre du prêtre.
Victime d’une exécution extrajudiciaire
Pour Cristina Palabay, secrétaire générale du groupe de défense des droits de l’homme Karapatan, le Père Tentorio a bien été victime d’une exécution extrajudiciaire et avait été pris pour cible conformément au programme étatique de lutte contre l’insurrection. Selon elle, l’assassinat du prêtre était un acte visant à réduire au silence les groupes et les individus oeuvrant pour le changement social. La volonté du gouvernement de nier le mobile politique derrière la mort du Père Tentorio vise à éluder l’obligation de rendre des comptes. Le prêtre italien était un militant environnemental connu et s’était prononcé contre les opérations minières dans la ville d’Arakan et ses environs. (cath.ch/ucanews/mp)