La question de la reconnaissance des religions fait débat à Neuchâtel | © Collégiale de Neuchâtel: Tambako The Jaguar/Flickr/CC BY-ND 2.0
Suisse

Neuchâtel débat sur l'élargissement de la reconnaissance des religions

Le Grand Conseil du canton de Neuchâtel a débattu le 7 novembre 2017 d’un projet de loi visant à reconnaître officiellement d’autres communautés religieuses que les Eglises chrétiennes traditionnelles. Les musulmans et les évangéliques du canton sont intéressés.

Le législatif neuchâtelois a accepté par 71 voix contre 35 l’entrée en matière sur le projet de loi, mais a décidé de le renvoyer en commission. Le texte définit les critères et la procédure pour obtenir une reconnaissance de l’Etat.

La reconnaissance officielle donne la possibilité aux communautés d’obtenir une exonération fiscale, la perception d’un impôt ecclésiastique et un service d’aumônerie dans les écoles, les hôpitaux et les prisons. Elle implique aussi que les communautés soient organisées en association à but non lucratif, qu’elles jouent un rôle social et culturel, qu’elles respectent les droits suisse et international, et qu’elle fassent preuve de transparence quant à leur financement.

Les musulmans prêts à ouvrir leurs portes

L’opposition au projet de loi est venue des rangs de l’UDC et d’une partie du PLR.

Dans le canton de Neuchâtel, où Etat et religion sont séparés, les Eglises réformée évangélique, catholique chrétienne et catholique romaine sont les seules communautés religieuses à être reconnues.

Les Eglises évangéliques et la communauté musulmane sont intéressées par une reconnaissance.»Nous avons absolument envie de participer à la vie sociale, à la vie générale du canton. Cela nous paraît simplement logique de jouer notre rôle», assure Olivier Favre, porte-parole de la Fédération évangélique neuchâteloise à la RTS. La communauté musulmane du canton est également disposée à respecter les conditions posées pour une reconnaissance. «Nous sommes prêts à ouvrir nos portes pour la vérification des comptes», souligne Jemal Cherif, porte-parole de l’Union des organisations musulmanes du canton de Neuchâtel.

Un débat «émotionnel»

A l’exception de Genève, où Eglises et Etat sont strictement séparés, tous les cantons romands prévoient dans leur loi ou Constitution la possibilité de reconnaître les communautés religieuses. Dans le canton de Neuchâtel, les Eglises sont également séparées de l’Etat. Alors que dans la quasi totalité des autres cantons de Suisse les Eglises sont des institutions de droit public et peuvent percevoir un impôt, les Eglises reconnues du canton de Neuchâtel dépendent de la contribution ecclésiastique volontaire.

Outre Neuchâtel, le canton de Vaud propose déjà une marche à suivre en vue d’une reconnaissance. Les musulmans vaudois soumettront leur candidature fin 2017. Les anglicans et les évangéliques ont déjà déposé un dossier de candidature.

L’UDC du canton de Vaud est farouchement opposée à une reconnaissance de l’islam et a lancé un référendum. A Neuchâtel également, le débat a été qualifié «d’émotionnel». Sur la radio RTS La Première, Montassar BenMrad, président de la Fédération des organisations islamiques de Suisse (FOIS), explique cela par les peurs qui entourent la communauté musulmane, surtout dues à la surmédiatisation du terrorisme islamique. (cath.ch/rts/ag/rz)

La question de la reconnaissance des religions fait débat à Neuchâtel | © Collégiale de Neuchâtel: Tambako The Jaguar/Flickr/CC BY-ND 2.0
8 novembre 2017 | 11:16
par Raphaël Zbinden
Temps de lecture : env. 2  min.
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