Des Israéliens chrétiens en pèlerinage au Liban, pays toujours en guerre avec Israël
Des Israéliens de confession chrétienne viennent régulièrement au Liban faire du tourisme religieux, alors que les deux pays sont techniquement en guerre depuis 1948 et n’entretiennent pas de relations diplomatiques, révèle la presse israélienne.
C’est peut-être le secret le mieux gardé de la communauté chrétienne d’Israël: le phénomène grandissant des chrétiens arabes israéliens qui se rendent au Liban pour des pèlerinages religieux. Ces pèlerinages sont coordonnés par l’Autorité palestinienne (AP), écrit The Times of Israel (TOI), un journal en ligne basé à Jérusalem, qui traite l’actualité d’Israël, du Moyen-Orient et du monde juif.
Avec l’accord de l’Autorité palestinienne
Israël considère le Liban — tout comme l’Iran, l’Irak et la Syrie — comme un Etat ennemi. Les lois interdisent aux citoyens de commercer avec ces pays et de s’y rendre, note TOI. Pourtant, environ une fois par mois, un groupe d’une dizaine de chrétiens arabes israéliens franchissent la frontière jordanienne au passage frontalier du Roi Hussein à Beit Shean en utilisant leur passeport israélien. De là, le groupe se rend à Amman, où l’ambassade palestinienne délivre aux pèlerins un document de voyage temporaire, avec des timbres d’entrée jordaniens.
Les pèlerins prennent ensuite un vol pour Beyrouth avec leurs documents délivrés par l’AP. Les permis de voyage sont rendus à l’ambassade à Amman lors du retour. Selon le quotidien israélien Haaretz, l’organisation de ces voyages se base sur un accord tacite impliquant le Liban, Israël, l’Autorité palestinienne et la Jordanie.
Des pèlerinages entièrement apolitiques
L’Eglise catholique en Israël est l’organisateur des voyages. Elle a obtenu l’accord tacite des autorités israéliennes pour permettre les pèlerinages. Les dirigeants de l’Eglise insistent sur le fait que les pèlerinages sont entièrement apolitiques, écrit The Times of Israel.
«Tout comme les musulmans font des pèlerinages à La Mecque, nous faisons des pèlerinages vers les sites chrétiens au Liban», déclare à Haaretz un responsable chrétien qui aide à organiser les voyages. Ces sites comprennent le Sanctuaire de Notre-Dame du Liban, dans le district de Kesrouan, lieu de pèlerinage dédié à la Vierge Marie, patronne et protectrice du Liban, le monastère de Saint-Maron-Annaya et le Sanctuaire de Saint Charbel, dans le village d’Annaya, dans le district de Jbeil (Byblos). Durant toute une semaine, dans la plus grande discrétion, leur visite spirituelle les conduit encore dans le village de Maghdouché, proche de Saïda, au Liban du Sud, à Baalbeck, Zahlé et dans de nombreux sites de la vallée de la Békaa.
Suite à la visite du pape François
Les pèlerinages sont un fait nouveau, qui a pris de l’ampleur suite à la visite du pape François en Israël en 2014, écrit TOI. Dans une décision controversée à l’époque, le patriarche maronite Mgr Béchara Raï, chef de la plus grande confession chrétienne du Liban, s’était rendu Israël pour accompagner François dans son voyage pastoral à Amman, en Jordanie, et en Terre sainte, à Jérusalem et Bethléem, du 24 au 26 mai. Il devenait ainsi le premier chef religieux libanais à se rendre dans l’Etat juif depuis sa création en 1948.
Le patriarche maronite avait vivement dénoncé la campagne visant à le dissuader d’accompagner le pape François dans son voyage pastoral en Terre sainte. Les Libanais qui se rendent en Israël peuvent être poursuivis pour haute trahison, cependant des dérogations existent pour les responsables religieux. (cath.ch/toi/haar/be)