Les rapports entre le gouvernement chinois et l'Eglise catholique sont complexes | © Flickr/Robert Ennais/CC BY 2.0
Vatican

Un accord entre la Chine et le Vatican rendrait acceptables «quelques renoncements», affirme le Père Lombardi  

Le jésuite Federico Lombardi, président de la Fondation Joseph Ratzinger-Benoît XVI et ancien directeur du Bureau de presse du Saint-Siège, a écrit un article intitulé ›Vers une Eglise pleinement chinoise et pleinement catholique’, publié dans le numéro 4017 de La Civiltà Cattolica, mis en ligne le 2 novembre 2017. Dans la perspective des discussions entre la Chine et le Vatican, écrit-il, «il faut tenir compte du bien plus grand et plus complet, même au prix de quelques renoncements».

Dans un dialogue aussi important que celui entre le gouvernement chinois et le Saint-Siège, écrit le Père Lombardi, il faut avoir une «vision d’ensemble». Seule celle-ci peut permettre d’atteindre «ce bien commun dont toutes les parties tirent les conditions les plus efficaces pour atteindre leur véritable fin». Il faut, insiste-t-il, «tenir compte du bien plus grand et plus complet, même au prix de quelques renoncements». En d’autres termes, accepter mutuellement des concessions.

Cet article de l’ancien directeur du Bureau de presse intervient dans un contexte où les rumeurs d’un accord entre Rome et Pékin se font de plus en plus pressantes. En février dernier, le cardinal John Tong Hon, alors évêque de Hongkong, affirmait qu’un «consensus préalable» à un tel accord avait été trouvé.

Mettre l’Eglise catholique chinoise dans les meilleures conditions

Le haut prélat évoquait aussi les concessions que le Saint-Siège pourrait faire sur l’épineuse question de la nomination des évêques. Selon lui, la conférence épiscopale chinoise – liée au gouvernement – pourrait proposer des noms de candidats comme pasteurs diocésains. Le pontife serait reconnu comme «la plus haute autorité» dans ce processus et disposerait d’un droit de veto.

Pour le Saint-Siège, précise le Père Lombardi, l’objectif des discussions avec Pékin est de «mettre l’Eglise catholique chinoise dans les meilleures conditions» pour développer sa mission. C’est-à-dire s’assurer qu’elle puisse être «pleinement chinoise et pleinement catholique».

L’importance de la religion

A l’inverse du cardinal Tong, le cardinal Joseph Zen, son prédécesseur à la tête du diocèse d’Hong Kong, a exprimé à plusieurs reprises ses grandes réticences face à un accord qui lui semble – à lui aussi – de plus en plus probable. Il avait notamment estimé que la nomination de Mgr Savio Hon Tai-Fai – jusqu’alors ›numéro 2’ de la Congrégation pour l’évangélisation des peuples – comme nonce apostolique en Grèce visait à éloigner de Rome un prélat défavorable à un compromis avec Pékin.

Autre signe qu’un tel accord serait envisageable: selon le Père Lombardi, le gouvernement chinois est désormais conscient – après des années d’idéologie athée – que la religion est une réalité de la vie humaine, et un pilier important de l’harmonie et de la cohésion de la société. Et l’Eglise pourrait ainsi avoir un rôle à jouer, car elle a vocation à être «pleinement chinoise, pour la Chine». De plus, son universalité pourrait aider le pays dans «son grand effort de dialogue» avec le monde.

Possibilité d’un voyage du pape ?

Le 26 octobre, le site d’information catholique AsiaNews rapportait des propos de Wang Zuoan, directeur de l’administration chinoise pour les affaires religieuses. Celui-ci affirmait que le pontife était «sincère» mais devait respecter deux conditions pour parvenir à un accord. Premièrement, le Saint-Siège devrait rompre ses relations diplomatiques avec Taïwan, au nom du principe de la Chine unique. Secondement, Rome ne devrait pas intervenir dans les affaires internes de la Chine, «pas même au nom des affaires religieuses».

Selon AsiaNews, cette déclaration a été perçue par certains en Chine comme une «rare et positive» attitude des autorités politiques chinoises vers une possible visite du pape François dans le pays. Une possibilité évoquée par le pontife lui-même à plusieurs reprises, notamment le 11 octobre dernier. «Je viendrai bientôt en Chine vous rendre votre visite», avait ainsi déclaré le pape à des prêtres chinois, selon des propos rapportés par le quotidien des évêques italiens Avvenire. (cath.ch/imedia/xln/rz)

Les rapports entre le gouvernement chinois et l'Eglise catholique sont complexes | © Flickr/Robert Ennais/CC BY 2.0
3 novembre 2017 | 14:29
par Raphaël Zbinden
Temps de lecture : env. 3  min.
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