Un mariage en Inde (Flickr The Falcon CC BY-NC-ND 2.0)
International

Inde: la Cour suprême veut punir le viol entre époux

La Cour suprême d’Inde a pris le 11 octobre 2017 une décision importante contre le mariage des filles mineures. Le délit de viol condamnant un rapport sexuel entre un homme et une femme de moins de 18 ans s’étend désormais aussi aux couples mariés. Mais l’opposition du parti nationaliste hindou au pouvoir Baratiya Janata Party (BJP) pourrait bien bloquer cette réforme.

Selon des estimations citées par la Cour Suprême, il existe 23 millions de fillettes mariées dans le pays, ce qui signifie qu’un mariage sur cinq viole la loi. D’après une récente enquête de la National Health Health Survey, 39,1% des femmes de 20 à 24 ans ont été mariées avant l’âge de 18 ans. Le phénomène du mariage infantile varie cependant entre les divers Etats du pays, rapporte l’agence d’information missionnaire vaticane Fides.

La Cour Suprême a demandé au gouvernement central d’adopter des mesures proactives pour interdire le mariage infantile. Elle a exprimé sa préoccupation pour des milliers de jeunes filles mineures mariées dans le cadre de ‘mariages de masse’ organisés traditionnellement à l’occasion de la festivité religieuse hindoue de l’Akshaya Tritiya, au printemps.

Une forte dissuasion contre le mariage des filles mineures

La décision d’étendre le délit de viol aux couples mariées est révolutionnaire. Elle pourrait constituer une dissuasion forte contre les mariages impliquant des fillettes, une pratique déjà interdite en Inde, au travers d’une loi de 2006, mais qui reste largement diffusée. La Cour a établi une peine pouvant aller de 10 ans de réclusion à la perpétuité, selon le code de protection des mineurs suite à des délits de nature sexuelle.

De son côté, le gouvernement du BJP a adopté une position différente et a présenté une pétition qui demande le maintien de l’exception légale afin de protéger l’institution du mariage en prenant en compte la réalité socioéconomique indienne.

Le Sangh Parivar, forum qui rassemble de nombreuses organisations extrémistes et nationalistes hindoues, s’oppose également à cette mesure. Il affirme s’engager pour la protection de la culture indienne polluée par l’influence occidentale. Il s’appuie notamment sur les textes sacrés hindouistes du Manusmriti (loi de Manu), qui justifient le mariage avec des femmes mineures.

Justice et liberté pour les femmes

«L’attitude du gouvernement du BJP et du Sangh Parivar indique une approbation tacite de la discrimination envers les femmes», dénonce le Père Jacob Peenicaparambil. Pourquoi le Sangh Parivar, qui a lancé un mouvement violent en faveur de la protection des vaches au niveau national, n’a-t-il pas lancé une mobilisation similaire contre le mariage infantile ou les atrocités commises à l’encontre des dalits, s’interroge le religieux carme. Selon lui les femmes en Inde ne pourront s’attendre ni justice ni liberté de la part d’un gouvernement conduit et contrôlé par l’idéologie de l’hindouité. (cath.ch/fides/mp)

Un mariage en Inde (Flickr The Falcon CC BY-NC-ND 2.0)
23 octobre 2017 | 11:38
par Maurice Page
Temps de lecture : env. 2  min.
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