La Confédération accepte de co-financer la sécurité des institutions juives de Suisse
La Confédération accepte désormais d’entrer en matière sur le cofinancement de la sécurité des institutions juives en Suisse. Telle est la conclusion d’un récent rapport du Bureau de lutte contre le racisme. Pour Jonathan Kreutner, de la Fédération suisse des communautés israélites (FSCI), il s’agit d’un «signal important».
Il y a un peu moins d’un an, le gouvernement fédéral avait refusé d’envisager de cofinancer des mesures de sécurité pour les institutions juives en Suisse, arguant qu’il n’existait pas de base constitutionnelle ou juridique pour cela. La FSCI avait réagi avec déception à cette déclaration.
Le récent rapport sur l’antisémitisme publié le 10 octobre 2017 infléchit cette position. Il mentionne le devoir de protection de l’État découlant de la convention sur les minorités. Les autorités de l’État doivent ainsi prendre toutes les mesures appropriées pour protéger les personnes contre la discrimination, les attaques et la violence auxquelles elles pourraient être exposées du fait de leur appartenance à une minorité, admet le rapport.
Prise en charge des coûts selon les compétences fédérales et cantonales
La Confédération pourrait ainsi participer au financement de la protection des institutions juives, poursuit le document. Il faut cependant pour cela une ‘dimension nationale’ au problème.
Selon le rapport, les domaines pour lesquels la Confédération couvrirait les coûts dépendent de la répartition des compétences entre la Confédération et les cantons. Le gouvernement fédéral est responsable des mesures préventives de lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent. Il a également des tâches de coordination dans le domaine de la sécurité intérieure. Il pourrait donc à l’avenir supporter les coûts correspondants. Mais pas ceux qui concernent la sécurité publique locale, que les cantons doivent garantir par le biais de la police.
Les communautés juives satisfaites
Ce changement d’orientation est bien accueilli par la Fédération des communautés israélites. «La Confédération déclare explicitement que la participation peut être possible. C’est très positif «, a déclaré Jonathan Kreutner, secrétaire général de la FSCI, à kath. ch. Il s’agit d’un» signal important «.
Selon J. Kreutner, les communautés juives de Suisse dépensent cinq à sept millions de francs par an pour protéger leurs institutions et leurs représentants contre d’éventuelles attaques. La volonté des autorités fédérales de s’engager en faveur de la protection des Juifs suisses est apparemment liée à une nouvelle évaluation de leur vulnérabilité. L’ancien rapport notait qu’il n’ y avait aucune menace accrue pour les concitoyens de confession juive. Ce qui n’est plus mentionné dans le nouveau rapport.
Ce changement d’évaluation est aussi lié à des initiatives parlementaires comme la motion du conseiller national Daniel Jositsch (PS/ZH) sur la «protection des communautés religieuses contre la violence terroriste et extrémiste». «Je suis très confiant qu’en fin de compte, nous aurons des solutions acceptables pour la communauté juive», estime J. Kreutner. Un groupe de travail sur la «protection des minorités ayant des besoins spéciaux» devrait élaborer des propositions de solutions d’ici la fin de l’année. Ce groupe réunit des représentants de la FSCI, de la Fédération des organisations islamiques de Suisse (FOIS) et des autorités de sécurité de la Confédération et des cantons. (cath.ch/kath.ch/rp/mp)