Au siège de la FAO, le pape François critique le malthusianisme (Photo: Flickr/Mazur/catholicnews.org.uk/CC BY-NC-SA 2.0)
Vatican

Au siège de la FAO, le pape François critique le malthusianisme

Au siège de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) à Rome, le pape François a critiqué le malthusianisme et appelé à l’autosuffisance alimentaire pour chaque pays. Le pontife a lancé cet appel le 16 octobre 2017 à l’occasion de la Journée mondiale de l’alimentation.

Il faut se rappeler, a déclaré le pape François, que les fruits de la terre doivent être pour tous. Ce n’est donc pas en diminuant le nombre de bouches à nourrir que l’on peut lutter contre la faim dans le monde. C’est une vision issue du malthusianisme qui propose de réduire la population mondiale, y compris par des moyens contraignants. Cette vision, a critiqué le pape, ne prend pas en compte le gaspillage alimentaire actuel.

Partager implique une conversion

«Réduire est facile, a-t-il asséné, en revanche partager implique une conversion, et cela est exigeant!», a-t-il lancé. Ce débat avait notamment traversé l’Académie pontificale des sciences et l’Académie pontificale des sciences sociales en février dernier. En effet, Paul Ehrlich, biologiste américain connu pour ses mises en garde répétées contre la surpopulation et pour ses positions néomalthusiennes, avait été invité à un colloque organisé au Vatican sur le thème de l’extinction biologique.

Il faut plutôt, a demandé le pontife argentin, garantir que chaque pays puisse augmenter sa production et parvenir à une autosuffisance alimentaire. Ce sont donc de nouveaux modèles de développement et de consommation qu’il faut mettre en place. Et des politiques qui ne péjorent pas la situation des populations les moins avancées» ou les plus dépendantes.

Un «principe d’humanité» dans les relations internationales

La «voie maîtresse» pour y parvenir, a poursuivi le pape, est «d’introduire dans le langage de la coopération internationale la catégorie de l’amour». L’amour inspire la justice et est essentiel pour parvenir à un ordre social juste. Il faut, a-t-il insisté, un véritable «principe d’humanité» dans les relations internationales.

C’est par cette nouvelle éthique que la communauté internationale parviendra à surmonter les deux obstacles à la lutte contre la faim dans le monde: les conflits et les changements climatiques. Les conflits ont des effets désastreux et cruels comme l’insécurité alimentaire et le déplacement de personnes.

Trump et l’Accord de Paris

Concernant le changement climatique, l’évêque de Rome a demandé un changement de style de vie, car «nous pouvons en voir les conséquences tous les jours». La communauté internationale doit s’engager en faveur de l’accord de Paris de 2015 «duquel, hélas, certains s’éloignent». Claire allusion aux Etats-Unis, dont le président Donald Trump a annoncé le retrait de l’accord en juin dernier.

Le pape a également dénoncé «la peste funeste du trafic des armes», l’accaparement des terres et la spéculation alimentaire qui favorise les conflits et l’émigration. Avant son discours, le pape François a donné au siège de la FAO une sculpture en marbre représentant Alan Kurdi, jeune migrant syrien de 3 ans mort sur une plage de Méditerranée en 2015. Le pape a ensuite salué divers officiels présents, dont le président de la République de Madagascar et les ministres de l’Agriculture des pays du G7. (cath.ch/imedia/xln/be)

Au siège de la FAO, le pape François critique le malthusianisme
16 octobre 2017 | 14:38
par Jacques Berset
Temps de lecture : env. 2  min.
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