La Petite Thérèse touche les âmes en musique
Olivier Mottet et Marie Frachebourg mettent en musique les poèmes de sainte Thérèse de Lisieux. 120 ans après sa mort, ses paroles parviennent toujours à se frayer un chemin vers les âmes, selon le couple auteur-compositeur. «Mes armes», leur premier album en commun, est sorti le 30 septembre 2017.
«L’obéissance est ma forte cuirasse et le bouclier de mon coeur», dit la chanson Mes armes. «Ces armes spirituelles sont plus que jamais nécessaires aux chrétiens», explique Marie Frachebourg, alias Roche Colombe, en servant le thé dans des bols de céramique.
L’intérieur de la maison de Lavey (VD) où Olivier et Marie vivent et font vibrer les paroles de sainte Thérèse leur ressemble, dans sa chaleur, sa simplicité et son authenticité. En la parcourant, on y rencontre de nombreux signes de leurs deux passions que sont la Petite Thérèse et la musique. Entre harpes, guitares et partitions, on retrouve la sainte sous bien des formes: en littérature, en statuette ou en tableaux.
«Je devais me laisser diriger par l’intuition et tout se mettait en place»
«L’Eglise est à contre-courant du monde actuel. Faire survivre sa foi est une lutte», poursuit la musicienne. Les armes de sainte Thérèse sont aussi utiles aux religieux. L’album a d’ailleurs été composé dans le contexte de l’entrée dans les ordres de deux proches du couple: la sœur de Marie, Lucie, et son ancien compagnon, aujourd’hui dominicain. «Composer ces chansons dans cette situation, notamment Mes armes, qui parle des vœux monastiques, avait une résonnance particulière», relève Marie.
Extraire la «substantifique moelle»
Le couple chablaisien a travaillé d’arrache-pied pour rendre accessibles à un public contemporain les textes de la religieuse carmélite décédée en 1897, à l’âge de 24 ans. S’ils admettent que ses écrits sont parfois «surannés» voire «indigestes pour un lecteur de notre époque», ils n’en contiennent pas moins des «bijoux». Le cœur de leur œuvre a ainsi été d’en extraire la «substantifique moelle».
La musique, une vibration de l’âme
Ils se sont longuement plongés dans les textes de la Petite Thérèse, sélectionnant les plus inspirants, restructurant son phrasé, modifiant parfois les mots et imaginant d’autres passages qu’elle aurait pu écrire. La plupart des textes de Mes armes sont ainsi passablement remaniés. Olivier et Marie se sont toutefois efforcés de rester au plus près de l’esprit de la carmélite. «Des personnes connaissant bien les écrits de Thérèse n’ont pas été troublés par les modifications faites aux textes», affirme Olivier.
Les musiciens se sont laissés inspirer par la sainte en composant les paroles. «Je n’arrivais pas à le faire de manière intellectuelle, assure Marie. Je devais me laisser diriger par l’intuition et tout se mettait en place».
Ils ont choisi d’écarter certains termes trop connotés religieusement tels qu’»hostie» ou «Jésus». «En remplaçant, par exemple, ‘Jésus’ par ‘amour’, l’on arrive à un quelque chose de tout aussi beau, tout aussi fort», assure Olivier. Car les textes de l’album se veulent universels. Le couple assure ainsi qu’ils ont touché autant des croyants que des non croyants.
Guidés par la sainte
L’un et l’autre sont convaincus de la présence de Thérèse à leur côté. Une certitude qui remonte à l’enfance pour Olivier. Son père a dû interrompre une messe en l’honneur de sainte Thérèse pour rejoindre sa femme sur le point d’accoucher à l’hôpital. Plus tard, Olivier a servi la messe dans l’église d’Epinassey, la première église de Suisse consacrée à la religieuse canonisée en 1925. Il a failli devenir carme. C’est donc naturellement qu’il a réuni dans cet album ses deux compagnons de toujours: la musique et la Petite Thérèse.
Olivier et Marie ne savent pas, pour l’instant, s’ils poursuivront leur route artistique avec la carmélite de Lisieux. Ils ont décidé de se laisser guider, dans ce domaine, par les circonstances de la vie, et «la volonté» de la sainte. Leurs pensées vont actuellement plutôt à leur projet de mariage.
Le couple doit se dire oui le 18 novembre prochain. A la place de la prière des époux, ils interpréteront un chant de Thérèse, sur lequel ils accorderont leurs voix et leurs destinées. (cath.ch/rz)
En mémoire du chanoine Marius Pasquier
L’aventure de Mes armes a commencé en 2012, alors qu’Olivier Mottet sortait son deuxième album Du mercure dans la rivière. Il avait alors, à l’issue de son interprétation des chansons profanes de l’album, fait un bis avec Ma joie, son premier morceau issu des poèmes de sainte Thérèse. La chanson avait connu un franc succès.
Quelques années plus tard, la communauté religieuse Eucharistein, basée en Valais, lui avait demandé d’animer par ses chansons une veillée de prière consacrée à la sainte. Il s’empresse alors d’en écrire trois autres en l’espace d’une semaine. A cette occasion, il demande de l’aide à sa compagne, Marie. Encouragés par l’accueil enthousiaste des chansons, ils décident d’en faire un album en 2017, puisque cette année marque les 120 ans de la mort de la sainte. L’année est déjà chargée, notamment par les préparatifs de leur mariage, qu’ils ont prévu en novembre.
«Une autre! C’est beau!»
Alors que l’enregistrement de l’album est planifié en mars, sa création est compliquée au début de l’année par la brusque dégradation de l’état de santé du chanoine de St-Maurice Marius Pasquier, âgé de 98 ans. Le religieux est un proche de Marie. Il l’a notamment initiée au chant grégorien. Dans les semaines qui précèdent son décès, en février 2017, le couple le veille et lui interprète des chansons de sainte Thérèse. Alors qu’il n’arrive presque plus à parler, Marius Pasquier parvient à leur dire après chaque morceau: «Une autre, c’est beau!» Profondément touchés par cette expérience, les deux artistes lui dédient naturellement l’album Mes armes.
Après avoir dû mettre un temps de côté leur projet musical, ils parviennent, à marche forcée, à composer pour le mois de mars les 8 chansons complétant l’album.
Même avant sa sortie officielle, Mes armes a déjà connu un beau succès au marché monastique de St-Maurice, fin septembre, où une quarantaine d’exemplaires ont été vendus. Marie et Olivier se sont également produits en live, le 30 septembre au carmel du Pâquier, près de Bulle, ainsi que le 1er octobre à l’église Ste-Thérèse d’Epinassey (VS).