62 clercs et universitaires catholiques attaquent les «hérésies» d'Amoris laetitia
Une «Correctio filialis» de 26 pages concernant Amoris laetitia, signée par 62 clercs catholiques et universitaires laïcs, a été rendue publique le 24 septembre 2017. Les signataires y dénoncent «sept hérésies» prétendument présentes dans l’exhortation apostolique du pape François.
Le document a été diffusé par le média Actualités de la Fraternité St-Pie X (FSSPX), qui en fait un résumé. La Fraternité traditionaliste, séparée de Rome depuis 1988, explique que la «correction filiale» a été remise au pape François le 11 août 2017, et que c’est en l’absence de réponse de sa part qu’elle a été rendue publique.
Une suite des ‘dubia’
La critique fait suite aux ‘dubia’ (doutes) sur Amoris lætitia, émis en septembre 2016 par les quatre cardinaux Walter Brandmüller, Raymond L. Burke, Joachim Meisner et Carlo Caffarra, – ces deux derniers étant décédés récemment. Les prélats y demandaient au pape François de «faire la clarté» sur cinq points hétérodoxes d’Amoris lætitia. Les ‘dubia’ étaient restés sans réponse de la part du Saint-Père.
Parallèlement, 45 théologiens avaient fait parvenir, en juin 2016, au cardinal Angelo Sodano, doyen du Collège des cardinaux, une nouvelle étude critique portant sur 19 points de l’exhortation. Une requête également restée sans réponse.
Le pape François sous influence de Luther?
Cette dernière «correction filiale» affirme que «le pape, par son exhortation apostolique Amoris laetitia ainsi que par d’autres paroles, actions et omissions en rapport avec celle-ci, a effectivement soutenu sept propositions hérétiques par rapport au mariage, à la vie morale et à la réception des sacrements, et qu’il a été à l’origine de la diffusion de ces opinions hérétiques au sein de l’Eglise catholique». Le document établit la liste des passages d’Amoris laetitia «où des positions hérétiques sont insinuées ou encouragées, puis elle énumère les paroles, les actes et les omissions du pape François qui font comprendre, au-delà de tout doute raisonnable, que celui-ci veut voir les catholiques interpréter ces passages d’une manière qui est, de fait, hérétique». La Fraternité basée à Ecône, en Valais, note ainsi qu’»en particulier, le pape a directement ou indirectement approuvé les croyances selon lesquelles l’obéissance à la loi de Dieu peut se trouver être impossible ou non souhaitable, et selon lesquelles l’Eglise sait parfois accepter que l’adultère soit considéré comme compatible avec le fait d’être un catholique pratiquant».
La «correction» critique finalement le «modernisme» de l’Eglise actuelle et «l’influence apparente des idées de Martin Luther sur le pape François», concernant notamment le mariage, le divorce, le pardon et la loi divine.
Ettore Tedeschi et Mgr Bernard Fellay comme signataires
La liste des signataires de la Correctio filialis comprend plusieurs noms déjà présents dans celle envoyée au cardinal Sodano en juin 2016. Parmi les nouveaux noms, figure celui du prélat suisse Bernard Fellay, supérieur général de la FSSPX.
On y retrouve également des personnalités qui ont fait parler d’elles dans divers domaines, telles qu’Ettore Gotti Tedeschi, ancien président de l’Institut pour les œuvres de religion (IOR), ou encore Stéphane Mercier, chargé de cours à l’Université catholique de Louvain (UCL-Belgique). Le premier avait été poussé à quitter ses fonctions en mai 2012, après une «motion de défiance» à l’égard de sa gestion, posée à l’unanimité des membres du Conseil de l’IOR. Le professeur de philosophie Stéphane Mercier a été convoqué en mars dernier par les autorités de l’UCL en rapport à un texte dans lequel il suggérait que l’avortement était un péché plus grave que le viol. (cath.ch/com/rz)