Colombie: Le pape appelle à la réconciliation lors de la messe à Villavicencio
Avant de rencontrer des milliers de victimes de la violence en Colombie, vendredi 8 septembre 2017, à l’occasion de la «Grande rencontre de prière pour la réconciliation nationale», le pape François a célébré une messe en plein air devant une foule enthousiaste qui avait convergé vers le Parc Las Malocas de Villavicencio, une zone rurale du département du Meta, au centre du pays.
Lors de la célébration, le pontife a reçu un accueil triomphal et donné en exemple de réconciliation un évêque et un prêtre colombiens qu’il a béatifiés, tués «en haine de la foi»: Mgr Jesús Emilio Jaramillo Monsalve (1916-1989), et l’abbé María Ramírez Ramos (1899-1948).
Tués «en haine de la foi»
Mgr Jaramillo Monsalve, de l’Institut pour les Missions étrangères de Yarumal, était évêque d’Arauca quand il fut assassiné par la guérilla de l’ELN en 1989 dans les environs de Fortul, tandis que l’abbé María Ramírez Ramos, prêtre diocésain, fut tué à Armero en 1948, lors des émeutes provoquées par l’assassinat de Jorge Eliecer Gaitán, candidat à la présidence de la République colombienne.
Les deux béatifiés sont «l’expression d’un peuple qui veut sortir du bourbier de la violence et de la rancœur», a déclaré le pape.
Avec plus d’un million de personnes, les habitants de cette région particulièrement meurtrie par les conflits avec les guérillas ont réservé un accueil triomphal au souverain pontife. Au début de la messe, le pape a salué des représentants des peuples indiens, qui sont relégués, comme les populations noires, aux marges de la société colombienne. Ces indigènes ont également été mis en avant lors de la procession des offrandes.
Dieu aide la Colombie
Au cours de son homélie, le pape François a assuré que le Seigneur «aide la Colombie qui veut se réconcilier aujourd’hui». La promesse de l’Emmanuel, du Dieu-avec-nous, «se réalise également en Colombie». En effet, a affirmé le pape, ce peuple est «peuple de Dieu».
La propre généalogie du Christ, a-t-il poursuivi, nous montre «que dans son sang se déroule l’histoire des justes et des pécheurs». Le Salut n’est donc pas «aseptique», mais il s’inscrit dans des circonstances historiques concrètes. Y compris dans les moments de désolation ou d’abandon.
«Nous tous, les Colombiens, nous sommes impliqués dans cette histoire», a-t-il poursuivi, s’incluant lui-même et montrant ainsi sa proximité avec ce pays. Et pour parvenir à la vérité, à la bonté, à la réconciliation, a-t-il ajouté, il faut remplir «avec la lumière de l’Evangile, nos histoires de péché, de violence et de désaccord».
L’exemple de la Sainte Famille et des nouveaux bienheureux pour «sortir du bourbier»
La Sainte Famille indique le chemin de la réconciliation, a encore expliqué le pontife romain. Comme Marie, il faut dire «oui à l’histoire dans sa totalité». Comme Joseph, «laisser de côté les passions et les orgueils». Et comme le Christ, «prendre sur nous, assumer cette histoire».
Ainsi, la réconciliation «n’est pas un mot abstrait». Elle consiste plutôt à ouvrir la porte à tous. Elle demande de dépasser la volonté de vengeance mais aussi de «surmonter la tentation de l’égoïsme et à renoncer aux tentatives de pseudo-justice». Alors, la réconciliation permet de construire l’avenir et fait grandir l’espérance».
Dénonciation du machisme
Par ailleurs, en ce jour de la fête de la Nativité de la Vierge Marie, le pape François a tenu à adresser un message aux «communautés où nous décelons encore des styles patriarcaux et machistes». A celles-ci, «il est bon d’annoncer que l’Évangile commence en mettant en relief des femmes».
Et dans ce monde où la violence psychologique, verbale et physique envers la femme est patente, il faut se rappeler «la noblesse [du] cœur» de saint Joseph qui a opté «pour la renommée, la dignité et la vie de Marie», même s’il n’avait pas l’information complète sur la conception du Christ.
A la fin de la cérémonie, le pape François a assuré de ses prières pour les victimes du séisme survenu au cours de la nuit précédente au Mexique. Ainsi que pour celles de l’ouragan Irma, actif dans les Caraïbes depuis plusieurs jours.
Sur la route depuis l’aéroport, des familles entières – des grands-parents aux jeunes enfants – ont accouru à travers champs pour tenter d’apercevoir la papamobile, tout à leur joie de recevoir le pape chez eux. Sur le lieu de la messe, beaucoup ont passé la nuit sur place. Habillés en blanc, et les pieds dans la boue du fait d’une pluie tropicale qui s’était abattue un peu plus tôt, ils ont, eux aussi, acclamé ‘leur’ pape sud-américain. (cath.ch/imedia/xln/be)