Colombie Un pays qui sort d'une cruelle guerre civile  | © Jacques Berset
International

Colombie: le pape arrive «en pèlerin de paix» dans un pays en proie à la violence

A la veille de son voyage en Colombie, du 6 au 11 septembre, le pape François a envoyé un message vidéo au peuple colombien, annonçant sa venue «comme un pèlerin d’espérance et de paix, pour célébrer avec vous la foi dans notre Seigneur et aussi pour apprendre de votre persévérance dans la recherche de la paix et de l’harmonie».

Le pape François arrive en Colombie à un moment crucial: alors que la guérilla des Forces armées révolutionnaires colombiennes (FARC), la plus ancienne du continent latino-américains, a terminé son désarmement durant l’été et s’est transformée en parti politique, le deuxième groupe rebelle du pays, l’Armée de libération nationale (ELN), va temporairement cesser les hostilités.

L’ELN et le gouvernement annoncent un cessez-le-feu bilatéral

L’ELN et le gouvernement du président José Manuel Santos ont annoncé le 4 septembre 2017 un accord de cessez-le-feu bilatéral, qui entrera en vigueur le 1er octobre, soit après la visite du pape. Après six mois de pourparlers en Equateur, l’ELN cessera les hostilités pour une durée de 102 jours, et l’accord pourra être renouvelé.

Les insurgés, qui s’engagent à cesser leurs attaques contre les infrastructures électriques et pétrolières ainsi que les enlèvements de personnes, espèrent que le gouvernement colombien suspendra de son côté les bombardements des unités de la guérilla. Il s’agit, estime l’ELN, d’un geste de bonne volonté envers le pape François.

La mesure, selon Mgr Dario de Jesus Monsalve, évêque de Cali, exigera la formation d’une commission spéciale, composée d’organisations internationales et de l’Eglise catholique, pour vérifier le respect du cessez-le-feu.

Colombie Une population très jeune attend le pape avec l’espoir d’une vie meilleure (Photo: Jacques Berset)

Le pape invite à créer des ponts pour construire la fraternité

En citant la devise du voyage, «faisons le premier pas», François  invite à créer des ponts pour construire la fraternité, et donc créer ce nouveau parcours de paix qu’il a lui-même soutenu et encouragé. «La paix est ce que la Colombie cherche, et elle travaille depuis beaucoup de temps pour son accomplissement», poursuit le pape dans son message.

Le premier souverain pontife latino-américain de l’histoire, très attentif au processus de paix en Colombie, appelle à «une paix stable, durable, pour que nous puissions nous voir et nous parler comme des frères, et non pas comme des ennemis. La paix nous rappelle que nous sommes tous enfants du même Père qui nous aime et nous réconforte».

Une guerre de plus de 50 ans

Après la reconnaissance de l’engagement de tous ces hommes et de toutes ces femmes qui ont travaillé «avec détermination et persévérance» pour faire de la Colombie «un lieu dans lequel règnent l’harmonie et la fraternité» et dans lequel «l’Evangile est connu et aimé», le pape François a fait aussi appel à l’Eglise, appelée à promouvoir non seulement «la réconciliation avec le Seigneur et avec les frères», mais aussi avec la Création, si sauvagement exploitée.

En juin dernier, l’accord de paix entre le gouvernement et les FARC a permis le désarmement de la guérilla, après une guerre de plus de 50 ans qui a fait 260’000 morts, et six millions de personnes déplacées et réfugiées ayant tout perdu. Mais la violence n’est pas seulement causée par les affrontements entre la guérilla et les forces armées officielles: elle est aussi le fait des groupes paramilitaires qui n’ont pas tous été désarmés, des tueurs à gages, des narcotrafiquants, et tout simplement de la population, qui possède également des armes.

Colombie Dans les rues de Quibdo, sur la Côte pacifique (Photo: Jacques Berset)

Au moins 2,5 millions d’armes sont en circulation au sein de la population. La grande majorité des homicides dans le pays – qui détient le record du monde en la matière – relèvent de la violence dite «désorganisée», et non pas de la violence dite «politique». Avec un taux d’homicides de plus de 75 pour 100’000 habitants, la Colombie est loin devant les autres pays d’Amérique latine dont ce taux s’établit autour de 20 pour 100’000, rappellent Fernan Gonzalez et Fabio Zambrano dans leur ouvrage «L’Etat inachevé. Les racines de la violence en Colombie».

La Colombie doit rompre avec «un passé de sang»

Il reste donc encore beaucoup de choses à construire et à assainir, mais l’attente du pape dans cette terre de Colombie est remplie d’espérance, comme l’a expliqué aux journalistes italiens de Radio Vatican le nonce en Colombie, Mgr Ettore Balestrero. Il voit le voyage du pape comme une invitation à «ne pas tomber dans les tentacules de la corruption, de la polarisation». Le pays doit trouver un équilibre entre «vérité» et «miséricorde», pour rompre avec un passé de sang. (cath.ch/espectador/radvat/be)

 

 

Colombie Un pays qui sort d'une cruelle guerre civile | © Jacques Berset
5 septembre 2017 | 14:05
par Jacques Berset
Temps de lecture : env. 3  min.
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