Inégalité hommes-femmes en matière d'héritage: polémique en terre d'islam
En islam, la femme, quelle que soit sa condition, n’hérite que de la moitié de la part d’un homme. Le système juridique en matière de succession est consigné dans le Coran, dans la sourate An-Nisa’ (Les femmes, 4:11), qui précise «Au fils, une part équivalente à celle de deux filles».
Pour avoir proposé d’en finir avec l’inégalité dans la répartition des parts d’héritage, le président tunisien Béji Caid Essebsi s’est fait rappeler à l’ordre par le Diwan al-Ifta, l’office du mufti de la République.
Des oulémas – «docteur de la loi islamique» – comme l’ancien mufti de la République Hamda Saïd, rejettent vivement la proposition de l’égalité dans l’héritage proposée par le président Essebsi. Cela aurait fait de la Tunisie le premier pays musulman sunnite à établir une égalité entre hommes et femmes en matière d’héritage.
Pas question de toucher au Coran
L’héritage en islam «est clairement expliqué dans le Coran», et il ne peut être «ni modifié ni interprété», insiste l’ex-ministre tunisien des Affaires religieuses Noureddine Khadmi. Pas question, donc, de toucher à la loi divine et de modifier un tant soit peu les croyances des musulmans !
C’est au tour d’Al-Azhar, l’instance qui sert de référence pour l’islam sunnite au plan mondial, d’entrer dans la danse: la législation islamique sur l’héritage est «définitive» et «n’est pas susceptible de réinterprétation», a déclaré le grand imam d’Al-Azhar Ahmed Al-Tayeb, cité le 23 août 2017 par l’agence de presse égyptienne Al-Ahram. Il répond ainsi très fermement à la proposition du président tunisien d’éliminer cette discrimination à l’égard des femmes.
Interdiction du mariage d’une musulmane avec un non musulman
«Al-Azhar rejette catégoriquement l’intervention de toute politique ou règlement qui affecterait ou modifierait les croyances des musulmans ou les décisions de leur charia, ou les falsifierait», a insisté Al-Tayeb dans sa déclaration. De telles idées «provoquent les masses musulmanes qui adhèrent à leur religion et mettent en danger la stabilité des sociétés musulmanes».
Dans un communiqué publié la semaine dernière, Cheikh Abbas Shuman, responsable-adjoint d’Al-Azhar, prétend lui aussi que l’égalité dans les héritages est «injuste pour les femmes et n’est pas conforme à la charia islamique». Il avait également dénoncé la proposition du président Béji Caid Essebsi de permettre le mariage d’une femme musulmane avec un non musulman. Et de rappeler la sourate 60, verset 10, «Les croyantes [musulmanes, ndlr] ne sont pas permises aux incroyants et les incroyants ne sont pas permis aux croyantes». (cath.ch/alahram/be)