Italie: le prêtre Mussie Zerai accusé de «favoriser l'immigration»

Le prêtre catholique érythréen vivant en Italie Mussie Zerai est accusé par la justice de «favoriser l’immigration». Très engagé dans le secours aux migrants en mer, il conteste avoir omis de signaler des arrivées clandestines.

Le Ministère public de Trapani, en Sicile, a lancé une enquête contre le Père Zerai. La police aurait recueilli le témoignage de deux agents de sécurité à bord du navire «Vos Hestia» de l’ONG «Save the Children», rapport le 9 août 2017, le quotidien italien La Repubblica. Ils auraient révélé l’existence d’une cale secrète dans le bateau, destinée à cacher des migrants, une information que le prêtre aurait passé sous silence.

Les témoins affirment en outre que le prêtre a reçu des communications de migrants embarqués dans un navire de trafiquants. Il aurait transmis, sans informer les gardes-côtes, aux membres de l’ONG, la position des embarcations.

Un point de référence pour les réfugiés

Le Père Zerai est déjà depuis un certain temps dans le collimateur de la justice sicilienne, notamment dans le cadre de l’enquête sur l’ONG allemande «Jugend Rettet». Le bateau de l’ONG, accusée de «favoriser l’immigration», a été saisi. Dans ce cas aussi, le prêtre érythréen est soupçonné d’avoir collaboré avec l’organisation allemande pour dissimuler aux autorités des arrivées clandestines.

Don Mussie Zerai, qui vit depuis des années en Italie, constitue un point de référence pour des milliers de ses concitoyens érythréens qui tentent de passer en Europe. Candidat au Prix Nobel de la Paix en 2015, il a fondé l’agence d’information «Habeshia», qui offre une assistance téléphonique aux migrants en partance. Elle encourage également les autorités à intervenir dans les zones où des embarcations de migrants sont en difficulté.

Criminalisation de la solidarité?

Le prêtre conteste en bloc les accusations. Il affirme avoir toujours informé les gardes-côtes italiens de la présence d’embarcations de migrants avant les ONG. Il dément de plus avoir eu un quelconque lien avec «Jugend Rettet», ni avoir eu connaissance d’une cale secrète sur le bateau de «Save the Children».

Pour le Père Zerai, engagé depuis 20 ans dans l’aide aux migrants, avec des activités également en Suisse, il existe actuellement une campagne contre le sauvetage des réfugiés en mer. «C’est une chasse aux sorcières, la solidarité envers les réfugiés et les expulsés est criminalisée», a-t-il déclaré au quotidien italien Corriere della Sera. (cath.ch/ag/rz)