Suisse: marcher comme il y a 500 ans
Du 24 juillet au 4 août, cinq pèlerins vêtus comme au XVIe siècle ont parcouru 240 kilomètres entre Bâle et Fribourg. Une opération de la Radio alémanique SRF1 (Auf Pilgerreise: Leben vor 500 Jahren) qui a rencontré le succès, contesté toutefois par certains.
Ils étaient cinq, la Bernoise Andrea Reber (36 ans), l’Uranaise Marie-Thérèse Zgraggen (63 ans), l’Argovien Noël Emmenegger (24 ans), le Lucernois Ralph Wicky (55 ans) de Lucerne et le Romain Frowin Bachmann (52 ans). Deux femmes et trois hommes qui ont troqué leurs habits modernes contre des vêtements d’il y a 500 ans et leurs chaussures contre des mocassins. Longs bâtons en bois, petites bourses en cuir, repas frugaux, la similarité avec les marcheurs en route vers Compostelle était totale.
La radio SRF a imposé certaines règles: pantalon en feutre, jupes pour les femmes, chemise en lin. Mais pas de pyjama. Toutefois les hébergements étaient organisés notamment dans des couvents, des abris pour pèlerins ou dans la nature. Leurs besaces leur permettaient de faire face à tous leurs besoins.
Eteindre son portable
Partis de la cathédrale de Bâle le 24 juillet, les marcheurs sont parvenus à Fribourg, le 4 août, soit 12 jours plus tard, fourbus mais heureux. A la radio et sur Internet, SRF1 a rendu compte chaque jour de l’avancée des marcheurs
Pour le catholique Frowin Bachmann, ancien Garde suisse, l’aventure était intéressante. Son but, confiait-il à kath.ch, était «d’apporter un peu de religieux dans ce groupe». Il s’agissait, pour lui, «de ressentir le divin», en éteignant son téléphone portable et en orientant ses antennes vers Dieu. Bachmann a emporté une statuette de la Vierge de Lourdes, remplie de l’eau du pèlerinage pyrénéen.
«Pour des enfants de maternelle»
Hugo Stamm, ancien rédacteur du Tages Anzeiger, n’a guère apprécié ce périple. Trop de lieux religieux et trop de comptes rendus radiophoniques sur l’accueil réservé aux pèlerins par des moines ou moniales. SRF1 aurait ainsi donné une image de Dieu pour «des enfants d’école maternelle», un Dieu qui garde un œil vigilant sur les pèlerins et les préserve des dangers.
Pour Stamm, ce furent «des relations publiques du matin au soir». «On aurait pu mettre ›Présenté par Dieu lui-même’ ou ›Sponsorisé par Vitus Huonder’», dit le journaliste, critique. Il regrette également que l’attitude arrogante de l’Eglise du XVIe siècle, entretenant la peur parmi les fidèles, n’ait pas été évoquée.
Toutefois les réactions des internautes de kath.ch sont plutôt favorables. Même si certains reconnaissent le côté show de l’opération qui n’avait, disent-ils, «pas besoin de Dieu pour faire marcher». (cath.ch/sys/kath/bl)