«L'Eglise doit agir plus clairement contre le populisme de droite»
L’Eglise catholique a le devoir de s’élever contre un populisme de droite qui se répand massivement en Europe, estime la théologienne catholique autrichienne Ingeborg Gabriel.
Ingeborg Gabriel plaide pour que l’Eglise se mobilise pour la justice, qu’elle se profile davantage dans le dialogue interreligieux et pour la réconciliation nationale. L’éthicienne viennoise exhorte également l’Eglise à mettre en place des lignes directrices afin de contrer «les efforts des populistes de droite pour briser les tabous». Il est en outre nécessaire de démarquer des limites morales, souligne-t-elle le 3 août 2017 dans le blog Ksoe, de l’Académie sociale catholique d’Autriche, relayé par l’agence Kathpress.
Identité chrétienne instrumentalisée
Pour la théologienne, il est important de se positionner clairement contre les tentatives constantes du populisme de droite d’outrepasser ces limites. D’autant plus que des rapprochements entre certaines franges de la communauté catholique et des partis populistes peuvent facilement advenir. Il arrive que ces formations politiques «courtisent activement des groupes catholiques». La vice-présidente de la commission Justice et Paix Europe remarque ainsi: «L’identité culturelle et, à des degrés divers selon les pays, l’identité chrétienne sont actuellement récupérées au niveau des agendas populistes de droite».
Etant donné que ces formations se profilent la plupart du temps comme des défenseurs des «laissés-pour-compte», il est nécessaire que l’Eglise thématise davantage les questions de justice sociale et de bien commun. Elle doit donc adopter un discours de solidarité adressé à une large base de la population.
Selon Ingeborg Gabriel, il est essentiel que les initiatives des Eglises européennes en la matière soient coordonnées. L’actuel pontificat de François peut constituer un «tournant» dans ce domaine.
Bâtir des ponts vers les autres religions
Elle estime que les Eglises chrétiennes doivent devenir, au niveau national et européen, des lieux de médiation et de réconciliation interculturelles et interconfessionnelles. «Leurs connaissances culturelles et religieuses les prédestinent à cela, alors que les acteurs profanes manquent souvent d’une compréhension basique de la religion et donc de moyens d’argumentation».
L’Eglise pourrait aussi contrecarrer les tendances séculières qui veulent supprimer tout élément religieux de la sphère publique. Cela nécessite de mettre un accent particulier sur le dialogue interreligieux.
Les «résidus toxiques» de l’histoire
Pour la théologienne autrichienne, la résurgence des nationalismes montre que les «résidus toxiques» de l’histoire ne sont jamais totalement évacués.
Ingeborg Gabriel est professeur à la Faculté de théologie catholique de l’Université de Vienne et représentant spéciale de l’OSCE dans la lutte contre le racisme, la xénophobie et la discrimination. (cath.ch/kap/rz)