Retour sur… Un pape exigeant avec les religieux
De nombreuses congrégations religieuses et instituts de vie consacrée se réunissent fréquemment à Rome, notamment pour leur chapitre général. Au cours des derniers mois, le pontife leur a souvent accordé une audience. L’occasion pour lui de leur adresser un discours exigeant sur la mission, qui s’inscrit dans sa volonté de réforme de l’Eglise.
Si le pape argentin est parfois ferme avec les congrégations religieuses, c’est qu’il nourrit de grands espoirs en elles. En effet, la conversion de l’Eglise qu’il appelle de ses vœux passe, selon lui, d’abord par les communautés religieuses. Lors de son voyage éclair en Egypte en avril, le pontife a ainsi invité à suivre la voie des nombreux moines qui, par leur vie et leur exemple, ont ouvert les portes du Ciel à tant de frères et de sœurs.
La première exigence du pape porte sur la vocation religieuse en elle-même. S’il affirmait le 25 novembre dernier, être préoccupé par la diminution de la vie religieuse en Occident et la baisse des vocations, le pape est tout aussi inquiet quand il y a trop de vocations. «Quand on me dit qu’il y a une congrégation qui attire beaucoup de vocations, je l’avoue, cela me préoccupe», déclarait-il le même jour, car «je m’interroge sur ce qu’il s’y passe».
«La traite des novices»
Pour le pape, la chose est entendue: il vaut mieux peu de vocations, mais de grande qualité. Le 2 mai, il a mis en garde contre «l’hypocrisie de la médiocrité, de ceux qui veulent entrer au séminaire car ils se sentent incapables de se débrouiller par eux-mêmes dans le monde». Une hypocrisie qui est une peste, a-t-il encore asséné.
Et un peu plus tard, le 25 mai à Gênes (Italie), il a fermement condamné la traite des novices: ces congrégations qui, face à la chute des postulants, partent dans des pays du tiers-monde recruter des jeunes qui n’avaient pas vraiment de vocation religieuse.
Au cours des derniers mois, le successeur de Pierre a également beaucoup insisté sur le renouvellement de la mission, en particulier en Occident. Ainsi, devant les missionnaires de la Consolata, il a affirmé en juin dernier, qu’il fallait considérer en priorité la miséricorde, amour gratuit de Dieu, pour ensuite sentir l’engagement et l’effort missionnaire comme une réponse.
Radicalité des fondateurs d’Ordre
Quelques jours plus tôt, il appelait les Petites Sœurs missionnaires de la Charité à croître dans la docilité à l’Esprit et à avoir une spiritualité fondée sur le Christ, sur la Parole de Dieu, sur la liturgie. »Dans l’Eglise, la mission naît de la rencontre avec le Christ», a insisté le pape: Jésus est même le centre de la mission. Il s’agit pour lui de bannir de la communauté religieuse les divisions, les envies, les cancans – qui détruisent les congrégations – et de dire les choses avec franchise et charité.
Pour le pape François, cette exigence est justifiée car elle existe déjà dans le charisme des congrégations religieuses: «nous devons retrouver la radicalité de la prophétie chez nos fondateurs», a-t-il expliqué le 25 novembre. «Pour cela, il faut sortir de notre zone de confort et de sécurité, de tout ce qui est mondanité». Et les instituts doivent trouver des voies nouvelles. (cath.ch/imedia/xln/bh)