Colombie: «Nous avons freiné la guerre, mais ce n’est pas encore la paix»
Le Père jésuite Francisco De Roux, engagé pour la paix en Colombie, a rappelé que celle-ci ne pourra advenir qu’à travers une lutte sans faille contre les inégalités sociales.
Pour le Père De Roux, qui a appuyé dès le début les négociations de paix entre le gouvernement colombien et les représentants des Forces Armées Révolutionnaires de Colombie (FARC), la véritable paix, liée à la justice sociale, n’a pas encore pris forme dans les régions colombiennes. «Nous avons freiné la guerre avec les Farc, nous avons signé des accords, mais nous n’avons toujours pas la paix dans le pays, car il existe de nombreux problèmes structurels». Sans oublier les mentalités qui doivent évoluer.
Le religieux a exprimé ces positions dans le cadre du congrès «Dialogue latino-Américain», organisé par la Conférence des évêques latino-américains (Celam), à l’Université pontificale Javeriana de Bogotá.
«Nos vies sont entre vos mains»
Le père Jésuite a rappelé un fait qui s’est déroulé il y a quelques semaines, lorsqu’il a accompagné le président de la Conférence épiscopale de Colombie, Mgr Luis Augusto Castro, pour assister à la remise aux autorités de 7’000 armes par les combattants des Farcs. Un couple de jeunes ex-guérilleros s’est alors approché de Francisco De Roux et lui a dit: «Nous vous remettons notre fusil. Avant nous confions nos vies à cette arme. Aujourd’hui, elles sont entre vos mains, mais les Colombiens n’ont pas confiance en nous».
Béatifications pour oublier la crise politique
Lors de son intervention, le Père Jésuite a également évoqué les deux martyrs colombiens qui seront béatifiés par le pape François le 8 septembre prochain à Villavicencio, au centre du pays. «Il est très significatif que le pape ait reconnu comme martyrs Mgr Jesús Emilio Jaramillo Monsalve et le Père María Ramírez Ramos, tous les deux morts dans des circonstances difficiles et dans un climat de grande violence». Une double béatification qui, selon Francisco De Roux, sonne comme une trêve dans une Colombie marquée par une crise politique profonde. «La politique est l’otage de la corruption. C’est pour cela que l’Eglise doit se préparer à former des consciences nouvelles pour pouvoir transformer les pouvoirs publics».
Le pape François effectuera une visite pastorale de cinq jours en Colombie, du 6 au 11 septembre 2017, en vue de prôner la réconciliation dans ce pays ravagé par la violence. (cath.ch/jcg/rz)