Les évêques ont rappelé le drame humain de la migration (Photo:UNHCR/Flickr/CC BY-NC 2.0)
Vatican

Retour sur... le pape et les migrants: un accent mis sur l'intégration et le développement

Depuis le début de son pontificat, le pape François s’est fortement engagé en faveur de l’accueil des migrants. Depuis l’automne 2016, une inflexion s’est néanmoins fait sentir dans son discours, en faveur de l’intégration dans les pays d’accueil et du développement des pays d’origine.

Lors de sa conférence de presse dans l’avion de retour de Suède, le 1er novembre 2016, le pontife explique qu’en théorie, on ne peut pas fermer son cœur à un réfugié. Mais dans les faits, il y a aussi la prudence des gouvernants, qui doivent être très ouverts à recevoir, mais aussi faire le calcul de savoir comment les recevoir. Car si le réfugié n’est pas intégré, «il se ghettoïse». Distinguant au passage entre migrants qui disposent d’un droit très régulé, alors que les réfugiés viennent de situations de guerre, d’angoisse, de faim.

Cette évolution de sa pensée, expose le pontife, provient d’une discussion avec un haut fonctionnaire suédois, pays très disposé à l’accueil, mais débordé par l’afflux de migrants.

Démarche de prudence

Le 9 janvier 2017, pour ses vœux au corps diplomatique, toujours très attendus, le pape réaffirme que les migrants ne doivent pas oublier qu’ils ont le devoir de respecter les lois, la culture et les traditions du pays dans lesquels ils sont accueillis.

La politique migratoire est ainsi pour le pape une démarche prudente. Elle implique d’évaluer avec sagesse et prévoyance jusqu’à quel point le pays d’accueil peut offrir une vie décente aux migrants. Cette intégration, le pape François la définira ensuite, lors d’un forum international sur les migrations, le 21 février 2017, comme un processus basé sur la reconnaissance mutuelle de la richesse culturelle de l’autre, réfutant ainsi l’idée d’assimilation.

La paix passe par le développement et la coopération

Au final, le problème migratoire pose selon lui en réalité la question du bien commun international, car la paix passe par le développement. C’est pourquoi le pape affirme également, lors de ce discours du 21 février, qu’il existe un droit de ne pas émigrer, qui consiste à réunir les conditions d’une vie digne dans les pays d’origine. D’où la nécessité selon lui d’une véritable politique de coopération internationale.

«Le droit à rester dans son pays est antérieur, plus profond et plus large que le droit de migrer», déclare pour sa part à la tribune des Nations unies à New York, le 22 mai dernier, le Père jésuite Michael Czerny, sous-secrétaire en charge de la section des migrants du Dicastère pour le service du développement humain intégral. Une section placée provisoirement sous la tutelle directe du pape.

Ce droit à rester est profondément enraciné dans la foi de l’Eglise et dans son enseignement social. «Il faut réaffirmer le droit [de chacun] à rester dans sa propre patrie et d’y vivre dignement, en paix et en sécurité, si l’on veut éviter des migrations forcées, involontaires et désordonnées».

En attendant, conclut-il, l’Eglise entend accompagner les personnes forcées à fuir dans chacune des phases de leur trajectoire : dans leur pays d’origine, durant leur transit, à leur destination et finalement dans leur possible retour».  (cath.ch/imedia/ap/mp)

Les évêques ont rappelé le drame humain de la migration
21 juillet 2017 | 10:42
par Maurice Page
Temps de lecture : env. 2  min.
Partagez!