Décès de l'abbé André Vienny, fondateur du Tremplin
L’abbé André Vienny, fondateur du centre d’accueil pour toxicomanes «le Tremplin», à Fribourg est décédé le 3 juillet 2017 à l’âge de 69 ans. Figure connue bien au-delà de Fribourg, il fut l’un des plus actifs artisans de l’engagement social de l’Eglise dans le canton.
Né le 2 mai 1948 à Fribourg, André Vienny passe son enfance à Saint-Aubin dans la Broye fribourgeoise. Après le collège St-Michel, il part faire ses études de théologie à Lyon, à la fin des années 1960 où il se consacre aussi à la psychologie.
Il rend visite aux détenus en prison. Cette expérience va marquer le jeune homme qui a le don d’écouter les autres. Il participe aussi à l’association «Le Nid» qui tente de sauver des prostituées de la rue.
André Vienny se voyait devenir curé dans un quartier populaire, mais de sérieux ennuis de santé l’obligent a rentrer en Suisse en 1971. Alors qu’il n’est âgé que de 21 ans, les médecins ne lui donnent que six mois à vivre. Il poursuit malgré tout son séminaire à Fribourg avant d’être ordonné prêtre le 23 décembre 1972.
Un prêtre aux «périphéries»
Le jeune abbé Vienny est nommé vicaire en vieille ville de Fribourg de 1972 à 1976, avant de rejoindre le nouveau quartier populaire du Schoenberg, sur les hauts de la cité, où il restera durant neuf ans. En 1982, sous l’égide de Caritas, il fonde le centre d’accueil et de réinsertion pour toxicomanes «le Tremplin» à Fribourg, qu’il dirigera durant 25 ans. Il devient une voie écoutée dans toutes les questions concernant la prévention et la lutte contre les toxicomanies. Parallèlement il continuera à être aumônier de Caritas Fribourg et des conférences Saint Vincent de Paul, ainsi que de l’association d’aide aux alcooliques «La Croix d’Or», de 1981 à 2007. Il fut aussi fondateur puis président de l’association «Jusqu’à la mort, accompagner la vie», de 1984 à 2004.
Curé modérateur de l’Unité pastorale Saints-Pierre-et-Paul, de 2007 à 2014, il a été doyen du décanat de Fribourg dès 2012.
André Vienny est aussi parmi les initiateurs en 2014 de l’accueil Ste Elisabeth créée par les paroisses de Fribourg afin de répondre à la demande de personnes fragilisées de plus en plus nombreuses à frapper aux portes des cures et des congrégations religieuses. Depuis 2014, il était également aumônier de l’équipe d’aumônerie de l’Hôpital fribourgeois (HFR).
Un homme «mangé par la foi»
L’abbé Vienny était une figure bien connue et très appréciée de l’Eglise fribourgeoise, rappelle l’abbé Jean Civelli. Le vicaire retraité de la paroisse de St-Pierre le connaissait depuis le séminaire. «C’était quelqu’un qui avait toujours voulu devenir prêtre. Il était ‘mangé’ par la foi». Le prêtre fribourgeois se souvient qu’André Vienny avait toujours eu une mauvaise santé. Il estime ainsi incroyable que dans cet état, il ait pu faire tant de choses. «Malgré la grande souffrance qu’il endurait chaque jour, il ne se plaignait jamais et gardait son humour», assure le Père Civelli. Une activité débordante qu’il avait mise entièrement au service des autres. «Depuis qu’il avait fondé le Tremplin, il s’était totalement tourné vers l’aide à autrui. Il acceptait d’être dérangé à toute heure, même la nuit». Un souci qu’il a eu jusqu’au bout. Selon le prêtre retraité, l’abbé Vienny avait encore reçu des toxicomanes, alors qu’il était dans ses derniers jours de vie, au home de la Providence à Fribourg. «Le pape François, s’il l’avait connu, aurait pu le prendre en exemple», affirme le Père Civelli.
Aider sans juger
L’altruisme hors du commun de l’abbé Vienny est confirmé par François Vallat. Le responsable pour la pastorale de la santé dans le canton de Fribourg a travaillé pendant 7 ans avec lui au Tremplin. «Il dépensait son énergie pour les autres sans compter «. Il avait en outre de grandes qualités intuitives sur la meilleure façon d’aider les personnes marginalisées. Ce qui s’est notamment concrétisé dans la fondation du Tremplin.
François Vallat évoque également un homme très humble qui, malgré sa grande popularité, ne recherchait pas les honneurs. Le laïc assure que l’abbé Vienny respectait les personnes dans leur chemin de vie particulier, sans les juger. «C’était simplement un grand bonhomme, dont le but de vie était de mettre en pratique l’Evangile. Je peux dire qu’il a été un exemple pour moi», conclut-il. (cath.ch/mp/rz)