Le 20 juin, le pape rendra hommage à deux prêtres de l’Italie d’après-guerre
Le pape François se rendra le 20 juin 2017 en «visite privée» à Bozzolo et Barbiana, deux villes du nord de l’Italie. Il se rendra sur la tombe de deux anciens curés de ces villes, Don Primo Mazzolari et Don Lorenzo Milani, pour leur rendre hommage.
Don Mazzolari et Don Milani «méritent de retrouver la place qui est la leur dans l’Eglise et dans le cœur de tous ceux qui les aimaient». C’est ainsi que le pape Jean Paul Ier considérait ces deux figures marquantes de l’Eglise de l’Italie d’après-guerre. D’autant plus que ces «fils obéissants» ont non seulement «souffert pour l’Eglise mais aussi par l’Eglise».
Le premier des deux, Don Mazzolari (1890-1959), était notamment connu pour une virulente critique de la théorie de la guerre juste, énoncée notamment par saint Augustin et saint Thomas d’Aquin, dans le contexte du développement des armes atomiques. En 1955, est publié Tu non uccidere (Tu ne tueras pas) – mis à l’Index – qui appelle à une option préférentielle pour la non-violence et lance un appel pour un «mouvement de résistance chrétienne contre la guerre».
L’attention des papes
La prédication de Don Mazzolari était aussi marquée par un fort accent social. Ainsi il appelait à un véritable souci pour les pauvres et non une simple «mise en scène». Jésus, écrivait-il en 1945, «était avec les pauvres, pauvres comme eux et plus encore. Il n’est pas spectateur: il fait le pauvre, il est le Pauvre». Par ailleurs, comme le pape François veut une «Eglise ouverte aux périphéries», le curé de Bozzolo désirait une «Eglise qui s’ouvre aux éloignés».
Ses ouvrages successifs sont mis à l’Index par le Saint-Office. De même, ce dicastère demande en 1951 l’interruption de la publication d’Adesso, un bimensuel fondé par le Père Mazzolari. Il est ensuite interdit de prêcher hors de son diocèse et de publier sans relecture des autorités ecclésiastiques. Il est même cantonné à sa propre paroisse.
Si le Père Mazzolari était regardé avec suspicion par certains, il avait dès 1949 attiré l’attention de Mgr Albino Luciani, éphémère Jean Paul Ier trente ans plus tard. En novembre 1957, il est invité à prêcher dans le diocèse de Milan par son archevêque, Mgr Giovanni Montini, futur Paul VI (1963-1978). Enfin, en février 1959, trois mois avant sa mort, Don Mazzolari est reçu par le pape Jean XXIII (1958-1963) qui le qualifie publiquement de «trompette de l’Esprit Saint dans la plaine du Pô».
Un prêtre éducateur
Le Père Lorenzo Milani (1923-1967), est le second prêtre auquel le pape François rendra hommage le 20 juin. Converti en 1943, ordonné prêtre en 1947, ce prêtre est connu pour son œuvre éducative. Selon lui, le système scolaire en vigueur dans l’Italie de l’après-guerre était favorable aux classes les plus riches, laissant des parts entières de la population du pays dans l’analphabétisme.
Nommé en 1954 dans la petite ville de Barbiana, dans la région de Florence, il y fonde une école à destination des classes populaires et s’inspire de méthodes innovantes. Rompant avec les traditions éducatives italiennes, il cherche à instaurer une relation d’amitié entre le professeur et l’élève.
Ce prêtre italien mort en 1967, avait expliqué le pape François dans un message vidéo publié le 23 avril dernier, avait «une inquiétude spirituelle, alimentée par l’amour du Christ, […] pour l’école, qu’il rêvait sans cesse comme un hôpital de campagne pour secourir les blessés, récupérer les marginaux et les rejetés».
Pour le pape François, si le Père Milani était controversé, y compris au sein de l’Eglise, c’est qu’il proposait des parcours originaux, «peut-être trop avancés et donc difficiles à comprendre et à accueillir immédiatement».
Par cette double visite, dont le déroulé tranche avec les déplacements habituels du pontife en Italie, le pape François veut ainsi rendre justice à ces deux prêtres. D’autant qu’il les cite souvent lors de ses discours. (cath.ch/imedia/xln/rz)