Le Saint-Siège réfléchit à la possibilité d’excommunier mafieux et corrompus
Le Saint-Siège mène actuellement une réflexion internationale et juridique sur la possibilité d’excommunier les coupables de crimes mafieux et de corruption. C’est ce qui ressort du débat international sur la corruption organisé au Vatican, dont les conclusions ont été rapportées par le journal catholique Avvenire le 18 juin 2017.
Le récent Dicastère pour le service du développement humain intégral et l’Académie pontificale des sciences sociales ont réuni au Vatican, le 15 juin dernier, une cinquantaine de personnes pour une journée de réflexion sur la corruption. Etaient ainsi présent des magistrats antimafia et anticorruption, des représentants de l’Onu, mais aussi des journalistes, des ambassadeurs et des victimes.
Un document en préparation
Il s’agissait de la dernière d’une série de cinq rencontres organisées par ce dicastère, afin d’élaborer des propositions relatives aux stratégies de lutte contre la corruption et la mafia, note l’Avvenire. Un des buts serait notamment de parvenir à définir juridiquement l’excommunication de ceux qui se rendent coupables de ces crimes. Au vu de la multiplicité des possibilités, parvenir à une norme en la matière est forcément complexe.
En effet, bien que le pape François ait déclaré en 2014 que les mafieux étaient «excommuniés», ce n’est juridiquement pas encore le cas. En effet, la participation à la mafia, de même que la corruption, ne font pas partie des conditions prévues pour une excommunication latæ sententiæ, c’est-à-dire automatique au vu même du délit. L’autre type d’excommunication, ferendæ sententiæ, est une décision juridique et administrative, et qui ne peut exister sans identifier précisément ceux qu’elle vise.
Un chemin de mal
Si les mafieux ne sont donc pas formellement excommuniés pour l’instant, ils ne peuvent néanmoins être admis aux sacrements de l’Eglise, car en état de péché mortel. Cette situation peut être comprise grâce à l’explication donnée par Benoît XVI sur celle des personnes divorcées-remariées: «leur état et leur condition de vie contredisent objectivement l’union d’amour entre le Christ et l’Eglise, qui est signifiée et mise en œuvre dans l’eucharistie».
C’est pour mettre en exergue cette incohérence de vie qu’en 1993, à Agrigente en Sicile, le pape Jean Paul II avait dénoncé «la culture de la mafia, qui est une culture de mort, profondément inhumaine, antiévangélique». En 2010, Benoît XVI avait repris cette condamnation, déclarant que la mafia était «une voie de mort, incompatible avec l’Evangile». Et François également, parlant d’un «chemin de mal», en 2014. (cath.ch/imedia/xln/rz)