Le voyage du pape en Irlande compromis par les élections britanniques?
Un déplacement du pape François en Irlande, en août 2018, pourrait être compromis par le résultat des récentes élections au Royaume-Uni, analyse le vaticaniste Christopher Lamb pour Vatican insider le 12 juin 2017. En cause, la volonté de Theresa May de gouverner avec le soutien du Parti unioniste démocratique (DUP), formation protestante d’Irlande du Nord.
Dublin, capitale de la République d’Irlande, accueillera en août 2018 la Rencontre mondiale des familles. A plusieurs reprises, le pape François – sans pour autant s’y engager formellement – a témoigné de sa volonté de se rendre à ce rendez-vous. Une telle possibilité a encore été évoquée récemment, le 22 mai, lors d’une audience accordée par le pontife au président irlandais, Michael Higgins.
Un parti anti-catholique
Le pape aurait alors fait part de son désir de se rendre non seulement dans la République d’Irlande, indépendante et très largement catholique, mais aussi en Irlande du Nord, majoritairement protestante et rattachée au Royaume-Uni. Mais ce souhait pourrait être contrarié par le résultat des élections législatives britanniques du 8 juin dernier, estime Vatican insider.
En effet, Theresa May, Premier ministre britannique, a perdu sa majorité absolue à la chambre et compte donc s’allier aux élus irlandais du Parti unioniste démocratique (DUP), connu pour ses positions anticatholiques. Ainsi, en 1988, son fondateur, le pasteur Ian Paisley, avait interrompu un discours de Jean Paul II au Parlement européen. Il avait également qualifié l’Union européenne de complot qui risquait de permettre à «Rome de parvenir à nouveau à établir son système diabolique dans ce pays».
Situation tendue
Par ailleurs, si Theresa May s’allie aux députés du DUP, cela pourrait être perçu comme une violation de l’accord du Vendredi Saint de 1998, qui avaient mis fin à plusieurs décennies de conflit entre les deux zone de l’île d’Irlande. En effet, selon ce texte, le gouvernement de Londres ne doit pas prendre position entre unionistes et républicains en Irlande du Nord.
Avant ces élections législatives, la situation s’était déjà tendue entre les deux parties d’Irlande en raison de la décision du Royaume-Uni de sortir de l’Union européenne. En effet, cette décision risque de rétablir une séparation physique entre les deux parties de l’île.
Pour ne rien arranger, la Rencontre mondiale des familles – et donc l’éventuelle visite du pontife – se tiendra au mois d’août. Or celui-ci, note Christophe Lamb, est traditionnellement le moment où des protestants unionistes défilent pour commémorer leurs victoires sur les catholiques.
Un déplacement du pape sur l’île – même seulement en République d’Irlande – pourrait donc risquer d’aggraver les tensions entre les différentes parties en présence. Selon Vatican insider, certains au Vatican estimeraient plus sage d’envisager un report de ce voyage. Tout en notant que le pape François ne craint pas d’affronter les situations diplomatiques complexes et sait faire preuve d’une grande adresse dans ce domaine. (cath.ch/imedia/xln/rz)