Le pape François en Egypte: réaction des internautes

Du Caire, la journaliste égyptienne Loula Lahham fait pour cath.ch une lecture des tendances sur les réseaux sociaux, suite à la première journée super-chargée du pape François.

Moubarak avait salué à l’époque le pape Jean Paul à l’aéroport du Caire. Al-Sissi n’est pas allé à l’aéroport pour François. Je me demande pourquoi ? The Big Pharaoh, internaute égyptien.

Que le pape vienne vous visiter chez vous, dans le calme et la sérénité, est mieux que de le faire venir pour vous voir dans des camps de réfugiés et de sans-abri. Hamdi Alzaedy, activiste libyen.

Le pays qui souffre du terrorisme et des explosions a fait un plan de sécurité pour le pape capable de protéger le monde entier. J’aimerais que l’on puisse investir cette visite pour le bien de l’Egypte. Israa, internaute.

Le pape François a lancé de lourdes critiques au président Al-Sissi, mais avec beaucoup de diplomatie et de finesse. Inas Awad, internaute égyptienne aux Etats-Unis.

Dieu n’a pas besoin d’être protégé par les hommes. Nous sommes appelés à marcher ensemble, convaincus que l’avenir de tous dépend aussi de la rencontre entre les religions et les cultures. Pape François.

J’ai besoin de comprendre où se trouve la valeur de la paix dans un pays terrifié, des rues obligatoirement désertées et des carrefours vides. Tout cela pour que le pape de la paix puisse passer en paix. C’est un film ridicule. Racha Azab, activiste politique

En toute objectivité, le discours du grand-imam Ahmad Al-Tayeb ne m’a pas plu. Il a dit que le modernisme et le progrès sont les causes du terrorisme et il a invité le monde à s’opposer à la philosophie et au modernisme. Un paragraphe dangereux si nous le comparons avec ce que le pape François a dit, et qui a porté plusieurs notions positives et justement modernes, sur l’Egypte: il nous a invités à apprendre à construire une civilisation et nous a dit que Dieu ne nous demande pas de tuer. Rasha Ernest, activiste de Haute-Egypte.

Cher pape François, toi le révérend père qui portes un message de paix et d’amour. Merci d’avoir risqué ta propre sécurité pour nous. Merci d’avoir prouvé à tous que notre terre est vraiment une oasis de la paix. Ce que nous vivons ne sont que des évènements éphémères qui s’envoleront avec l’aide de Dieu et avec la conscientisation de notre peuple. Que la paix de Dieu t’accompagne. Fatma Naout, écrivaine libérale égyptienne

J’aimerais que Monsieur le pape vive parmi nous pour toujours. Notre capitale est propre, vide et d’une beauté particulière. Je me suis rappelé du bon vieux temps. Hisham Gheith, internaute égyptien.

Le pape François en Egypte. L’aube est plus forte que l’obscurité, et l’amour éternel de Dieu régnera pour toujours. Mohamed Metwalli, journaliste égyptien.

Ce qui s’est passé à Al-Azhar aujourd’hui est le plus haut sommet islamo-chrétien au niveau mondial. Nous ne devons pas oublier que le terrorisme a commencé en Occident et précisément aux Etats-Unis. Abdel-Rahim Mourad, ancien ministre libanais de la Défense.

Au cours de sa première parution en public, après avoir été attaqué par les activistes et les médias, le grand-imam Ahmad Al-Tayeb pense que l’absence de la paix et de la sécurité dans le monde est due aux décisions politiques internationales imprudentes prises par des nations irresponsables, et au trafic des armes. Ahmed Ragab«», journaliste égyptien.

Les Azharis présents à la conférence sont unanimes: ils m’ont dit que le pape François est plus apprécié que son prédécesseur. Aziz El Massassi«», journaliste français.

Appui moral extraordinaire apporté à l’imam d’Al-Azhar

C’est «un appui moral extraordinaire, presque une caution», que François a apporté à l’imam d’al-Azhar, Ahmad Al-Tayeb, écrit pour sa part l’éditorialiste libanais Fady Noun dans le quotidien francophone L’Orient-Le Jour. «Les deux hommes ont scellé leur alliance d’une accolade appuyée, lors d’une rencontre à l’Université Al-Azhar, au cours de laquelle ils ont tenu, devant un parterre trié sur le volet, deux discours parallèles: condamnations sans appel du terrorisme travesti en obligations religieuses, duplicité des Etats et du commerce des armes, et critique de la civilisation occidentale qui a évacué Dieu de son horizon, ce qui la tient quitte du respect des valeurs qui l’incommodent, comme de tout souci humanitaire sincère».

L’ignominie du groupe Etat islamique

«Mais le pape avait-il d’autre choix, au regard de l’urgence?», poursuit le journaliste libanais, car «c’est aux quatre coins de la planète qu’intolérant, irrationnel et ne reculant devant aucune ignominie, le groupe Etat islamique sévit depuis quelques semaines, après avoir commandité deux attentats sanglants contre des églises coptes orthodoxes, le dimanche des Rameaux».

Al-Azhar et son grand imam seront-ils à la hauteur ?

L’institution Al-Azhar et son grand imam seront-ils à la hauteur de la caution que leur apporte le pape, c’est matière à débat, insiste le journaliste libanais. «Dans les milieux ecclésiastiques chrétiens, on aimerait voir le cheikh Ahmad Al-Tayeb franchir des pas supplémentaires en direction de l’Etat civil, et surtout condamner sans nuance non pas seulement des individus ou des groupes qui ‘prennent des versets du Coran en otage’, comme il l’a affirmé vendredi, mais toute violence érigée en devoir religieux. Mais Al-Azhar se refuse toujours à le faire, invoquant à l’appui de son refus des arguments historiques. ‘Est-ce que toute la civilisation américaine doit être condamnée parce que Hiroshima et Nagasaki ont été bombardées’, a-t-il argumenté. Sur ce point, le discours du pape était d’une netteté absolue. Le Saint-Père a insisté sans ambiguïté sur le fait ‘qu’aucune violence ne peut être commise au nom de Dieu et sur l’importance primordiale de l’éducation qui devient sagesse de vie’ (…) ‘Il n’y aura pas de paix sans une éducation adéquate des jeunes générations. Et il n’y aura pas une éducation adéquate pour les jeunes d’aujourd’hui si la formation offerte ne correspond pas bien à la nature de l’homme en tant qu’être ouvert et relationnel’, a-t-il insisté».

Pour une civilisation de la rencontre

En matière de dialogue interreligieux, le Saint-Siège est constant dans sa défense de la liberté religieuse, «car, a insisté le pape François, l’unique alternative à la civilisation de la rencontre, c’est la barbarie de la confrontation». Il a encore appelé les musulmans à dire «un ‘non’ fort et clair à toute forme de violence, de vengeance et de haine au nom de la religion ou au nom de Dieu. Ensemble, affirmons l’incompatibilité entre violence et foi, entre croire et haïr. Ensemble, déclarons la sacralité de toute vie humaine opposée à toute forme de violence physique, sociale, éducative ou psychologique».

Ce samedi, le pape célébrera une messe ouverte, mais placée sous haute sécurité, avant de rencontrer les communautés catholiques locales et de s’envoler en fin d’après-midi pour le Vatican.

Pour la visite du pape François, la capitale égyptienne a été quadrillée par l’armée et les forces de police, et saturée d’agents en civil. Toutes les églises ont été placées sous haute surveillance. Les abords de la nonciature apostolique, où le pape a passé la nuit, et de nombreuses artères situées sur le parcours des officiels, ont été bouclés. (cath.ch/ll/orj/be)


Temps forts du premier jour de la visite du pape François

Plusieurs temps forts ont marqué le premier jour de la visite en Egypte du pape François, le 28 avril 2017: sa première rencontre avec le président de la République Abdel-Fattah Al-Sissi; son discours à Al-Azhar, le plus haute instance sunnite du monde musulman, en vue de renforcer le dialogue interreligieux; son deuxième discours, mais politique cette fois-ci, devant les officiels égyptiens; sa rencontre avec le chef de l’Eglise copte orthodoxe égyptienne et la signature d’un accord d’entente historique, incluant l’annulation du second baptême exigé des catholiques pour pouvoir adhérer à l’Eglise orthodoxe; son moment de recueillement à la petite église d’Al-Boutrossiya, en mémoire de toutes les victimes de la violence interreligieuse partout dans le monde. (cath.ch/ll/be)

 

Le pape François salue le grand imam d'Al Azhar
29 avril 2017 | 10:43
par Jacques Berset
Temps de lecture : env. 5  min.
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