Le pape François, ici à Strasbourg en 2014, a reçu le prix Charlemagne 2016 | © Flickr/Martin Schulz/CC BY-NC-ND 2.0
Vatican

60 ans du Traité de Rome: «Les Six du Marché commun voulaient célébrer leurs racines chrétiennes»

Les chefs d’Etat et de gouvernement de l’ Union européenne se retrouvent à Rome les 24 et 25 mars 2017 pour un sommet extraordinaire pour les 60 ans de la signature du traité de Rome, précurseur de l’actuelle union Ils seront reçus par le pape François le 24 mars au soir. Le journaliste émérite David Willey, était correspondant britannique à Rome lors de la signature du Traité, le 25 mars 1957. Il s’est confié à la presse française, dont I.MEDIA. 

Le journaliste britannique émérite David Willey

Quel souvenir gardez-vous de la rencontre entre le pape et les chefs d’Etat et de gouvernement il y a 60 ans?
Ce qui est intéressant est que tous les chefs de gouvernements sont allés au Vatican pour saluer le pape. Il était évident que le Vatican prenait beaucoup plus au sérieux la signature du traité de Rome que le monde anglo-saxon, par exemple, peu intéressé par la signification politique de cet événement. Pour la presse anglaise, c’était même un fait divers.

Pourquoi ce choix de Rome pour signer le traité?
Le choix de cette ville avait un sens très symbolique. C’était la première fois depuis la chute de l’Empire romain que les nations d’Europe, après deux guerres mondiales, se sont mises d’accord pour coopérer. Ensuite, les autres nations se sont rendu compte que ce serait mieux d’avoir le quartier général hors de l’Italie [à Bruxelles, ndlr], car les Italiens ne sont pas vraiment réputés pour leur sens de l’organisation. 

Les six chefs d’Etat et de gouvernement qui sont allés voir Pie XII étaient-ils tous chrétiens?
Certainement. La démocratie-chrétienne était à cette époque le parti le plus puissant. Paul Henri Spaak, Jean Monnet, Alcide de Gasperi,…: tous ces hommes d’Etat étaient très réputés pour leur idéal européen et leur appartenance à la foi catholique. Ces liens religieux et historiques étaient très forts, pour que les Six du Marché commun veuillent célébrer ce qu’ils avaient en commun, à savoir leurs racines chrétiennes.

Avec le recul, que reste-t-il à votre avis de ce moment historique?
Je crois que les fondateurs de l’UE ont peut-être été trop optimistes sur la possibilité d’une union qui comprendrait toutes les nations d’Europe. A mon avis, le type d’Union était plus clair dans les années 1950. Avec l’élargissement, les nations se sont rendu compte que malgré ce qu’elles ont en commun, beaucoup de choses les séparent. L’Europe des nations continue à être très forte.

D’autant qu’il est beaucoup plus difficile d’évoquer les racines chrétiennes de l’Europe…
Evidemment, dans mon pays la sécularisation est presque totale. Quand j’ai commencé à travailler pour la BBC dans les années 1970, il y avait trois employés particuliers: un prêtre catholique, un prêtre anglican et un rabbin, qui avaient pour mission d’interpréter leur religion. Je me rappelle aussi qu’au début du pontificat de Jean Paul II, le prêtre de la BBC, un franciscain, avait été choisi par le pape pour travailler à ses côtés sur la communication, parce qu’il avait formé une école de relations publiques pour les prêtres catholiques anglais. 

Le pape François va recevoir les chefs d’Etat et de gouvernement le 24 mars. Que peut-on en attendre?
Le pouvoir du pape est très important pour l’Europe. En sens inverse, il est intéressant de noter que le pape François a été invité à s’exprimer devant le Parlement européen à Strasbourg, en 2014. C’est aussi une façon pour lui de dire à l’Europe combien elle compte pour le Saint-Siège. (cath.ch/imedia/ap/mp)

Le pape François, ici à Strasbourg en 2014, a reçu le prix Charlemagne 2016 | © Flickr/Martin Schulz/CC BY-NC-ND 2.0
23 mars 2017 | 12:34
par Maurice Page
Temps de lecture : env. 2  min.
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