Mgr Morerod plaide pour l'action sociale de l'Eglise
«Une Eglise indifférente aux différentes situations de pauvreté n’est pas crédible», affirme Mgr Charles Morerod. L’évêque de Lausanne, Genève et Fribourg (LGF), rappelle, dans une opinion publiée le 11 mars 2017 par La Tribune de Genève, l’importance de l’action sociale de l’Eglise.
A l’occasion des 75 ans de Caritas Genève, l’évêque souligne l’insistance des papes Benoît XVI et François sur le fait que «le christianisme n’est pas d’abord une morale mais la rencontre avec le Christ». De cette rencontre découle des attitudes, des comportements. «Si la foi ne change rien de visible, on pourra évidemment se demander à quoi elle sert», relève le prélat fribourgeois. «Aime-t-on Dieu si on n’aime pas ceux qu’il aime?»
L’Eglise a des apports propres
Rappelant au passage que l’action dans le domaine social est une réalité commune à tous les chrétiens, il précise qu’à Genève, toutes les instances sociales collaborent. Dans cette action commune, l’Eglise a cependant des apports propres, tels que la vie spirituelle, qui est un puissant facteur de «survie» dans la difficulté, ou encore le réseau unique de contacts mondiaux qu’elle possède et qui lui permettent d’avoir une vision globale.
Mgr Morerod présidera une messe de jubilé en l’honneur des 75 ans de Caritas Genève ce lundi 13 mars à 18 h 30 à la basilique Notre-Dame.
Verbatim
Benoît XVI d’abord puis maintenant le pape François insistent sur le fait que le christianisme n’est pas d’abord une morale mais la rencontre avec le Christ. De cette rencontre découlent des attitudes, des comportements: si la foi ne change rien de visible, on pourra évidemment se demander à quoi elle sert. Aime-t-on Dieu si on n’aime pas ceux qu’il aime? Tout le monde le perçoit au moins un peu: une Eglise indifférente aux différentes situations de pauvreté n’est pas crédible… Il y a dans ce domaine une part de réflexion et une part d’action. Les deux vont de pair pour que l’action ne soit pas une agitation dispersée ou un gaspillage. Or cette réflexion inclut de nombreux acteurs, ce qui a donné lieu à la constitution dans le diocèse de Lausanne, Genève et Fribourg de la plate-forme Dignité Développement. Quant à l’action sociale de l’Eglise, elle ne provient pas seulement de notre initiative. Les personnes qui souffrent se tournent souvent vers les Eglises, de bien des manières: que ce soit pour recevoir une aide matérielle, pour trouver quelqu’un qui les écoute ou encore parce qu’à l’église elles se sentent chez elles (notamment les immigrants qui retrouvent la même Eglise que chez eux). L’action dans le domaine social est une réalité commune à tous les chrétiens, pas seulement catholiques, et dans ce domaine la collaboration œcuménique est une évidence indiscutée. D’ailleurs, à Genève, toutes les instances sociales collaborent, pour une plus grande efficacité, en se déléguant mutuellement les secteurs (par exemple, Caritas s’occupe du désendettement ou de la distribution des vêtements). Dans cette action commune, l’Eglise a des apports propres. D’une part la vie spirituelle est un puissant facteur de «survie» dans la difficulté, comme en témoignent des migrants ou des prisonniers. D’autre part l’Eglise a un réseau unique de contacts mondiaux, qui lui permettent une vision globale. J’en prends un exemple là où on ne l’aurait peut-être pas attendu. Il y a des années, lorsque je demandais à l’ambassadeur de France au Vatican, qui avait auparavant été ambassadeur en Russie et en Chine, si ce nouveau poste n’était pas un peu réduit, il m’avait répondu: «Aucun Etat n’est aussi bien informé de ce qui se passe dans le monde. Les meilleurs moyens de renseignement ne peuvent jamais remplacer la connaissance des personnes du lieu et l’Eglise en a partout, avec des capacités de communication». (Mgr Charles Morerod, rubrique opinions, Tribune de Genève, 11 mars 2017)