Réfugiés en provenance des Etats-Unis: Les Eglises canadiennes tirent la sonnette d'alarme
Depuis l’élection de Donald Trump et ses tirades anti-immigrés, des centaines de réfugiés en provenance des Etats-Unis ont traversé illégalement la frontière canadienne, en plein hiver, au risque de leur vie, afin de pouvoir présenter leur demande d’asile. Les Eglises canadiennes tirent la sonnette d’alarme.
Le Québec est la province canadienne qui connaît la plus forte progression de traversées périlleuses de la frontière. En raison de l’Entente sur les tiers pays sûrs, accord bilatéral entre le Canada et les Etats-Unis, les Eglises canadiennes craignent que des réfugiés ne soient empêchés de présenter leur demande et de recevoir l’asile au Canada.
Même des résidents légaux craignent le renvoi
Les réfugiés des pays visés par le récent décret migratoire de Donald Trump traversent la frontière à la recherche d’un havre de sécurité. D’autres, notamment des Haïtiens résidant légalement aux Etats-Unis, craignent que la nouvelle administration ne révoque ou ne prolonge pas leur permis de séjour.
C’est dans ce contexte dramatique que la secrétaire générale du Conseil canadien des Eglises (CCE), la révérende Karen Hamilton, a écrit à Ahmed D. Hussen, ministre canadien de l’Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté. Le CCE, qui représente 25 confessions appartenant aux traditions anglicane, évangélique, orthodoxe de l’Est et orthodoxe orientale, protestante et catholique, et de l’Eglise libre, regroupe plus de 85% des chrétiens au Canada. Le CCE rappelle que Eglises membres et leurs adhérents «partagent une longue histoire et une tradition bien vivante d’accueil des réfugiés au Canada et de plaidoyer pour les droits des réfugiés au Canada».
L’Entente sur les tiers pays sûrs en question
Ces dernières années, en effet, les Eglises au Canada ont parrainé des milliers de familles, et nombre de ces Eglises sont prêtes à en accueillir d’autres. Il y a dix ans, le CCE se joignait au Conseil canadien pour les réfugiés (CCR) et à Amnesty International pour faire invalider par la Cour fédérale canadienne la désignation des Etats-Unis comme «tiers pays sûr». Il déplore que la Cour suprême du Canada ait décidé, en 2009, de ne pas entendre la cause qui contestait l’Entente sur les tiers pays sûrs entre le Canada et les Etats-Unis.
Les Eglises canadiennes demandent au gouvernement du Canada de «relever le plafond, hausser les objectifs pour l’établissement de réfugiés au Canada et ouvrir la porte à plus de demandes de parrainage». Elles demandent d’accélérer le processus de parrainage et s’inquiètent du fait que «certaines politiques empêchent des réfugiés de demander et de recevoir l’asile au Canada».
Respect du droit international
Elles demandent une évaluation de l’Entente sur les tiers pays sûrs afin de garantir à la population canadienne que la vie des réfugiés n’est pas mise en danger et que toutes les parties respectent bien leurs obligations en vertu du droit international.
De plus, les Eglises relèvent que de nouveaux demandeurs d’asile se heurtent à d’énormes difficultés pour trouver à se loger à cause du manque de logements abordables dans les villes canadiennes. Le Conseil canadien des Eglises dit sa détermination «à promouvoir les impératifs de notre foi, notamment l’accueil de l’étranger, et à offrir une hospitalité généreuse à tous ceux et celles qui en ont besoin». (cath.ch/cccb/be