Académie pontificale des sciences: la surpopulation, pas la cause de l’extinction biologique
Ce n’est pas la population qui est à l’origine de l’extinction biologique, a estimé Mgr Marcelo Sanchez Sorondo, chancelier de l’Académie pontificale des sciences le 2 mars 2017.
Le prélat prenait part à une conférence de presse afin de présenter les conclusions du colloque intitulé «Extinction biologique», tenu du 27 février au 1er mars au Vatican, sous l’égide de l’Académie pontificale des sciences et l’Académie pontificale des sciences sociales.
Réchauffement climatique indéniable
L’Académie pontificale des sciences est convaincue que le changement climatique est le premier facteur de l’extinction biologique, a déclaré Mgr Sorondo. «La carbonisation de l’air» à l’origine du réchauffement planétaire, a-t-il fait remarquer, n’est pas due à la surpopulation mais à l’utilisation de ressources fossiles».
Un point de vue défendu tout particulièrement par le géographe et démographe français Gérard-François Dumont, lequel a déclaré pendant le colloque qu’il n’y avait aucun rapport entre densité de population et baisse de la biodiversité.
Bien ou mal agir sur l’environnement
«A niveau de développement globalement comparable, les émissions de dioxyde de carbone par habitant ne dépendent ni de l’effectif des populations, ni de la densité de population des pays», a-t-il argumenté, mais plutôt des «capacités et de la volonté de bien ou de mal agir sur l’environnement».
Une déclaration diamétralement opposée à celle d’un autre participant au colloque, le biologiste Paul Ehrlich, dont la présence à cet évènement a fait l’objet d’une polémique. Le scientifique américain est en effet connu pour ses mises en garde répétées contre la surpopulation et pour vouloir y apporter comme solution l’avortement. Il s’est fait connaître à la suite de son ouvrage controversé La Bombe P (The Population Bomb) en 1968, où il met en garde des dangers de la surpopulation.
Un participant controversé
Dans son discours, le biologiste américain a notamment estimé qu’il n’était pas «difficile de voir pourquoi autant de plantes et d’animaux sont menacés, au vu des projections mettant en lumière l’augmentation du nombre d’êtres humains qui de 7,5 milliards aujourd’hui passera à 11 milliards d’ici la fin du siècle».
Dans les années 1970, Paul Ehrlich avait prédit que la ville de Calcutta, en Inde, atteindrait une population de 66 millions d’habitants en l’an 2000. En 2011, elle en comptait environ 4,5 millions.
Entendre tous les avis
«Par souci d’honnêteté nous nous devions d’écouter tous les avis», a expliqué Mgr Sorondo à I.MEDIA, «ce n’est pas pour autant que tous les avis figureront dans les conclusions». Le chancelier a fait savoir que Paul Ehrlich n’avait toutefois prononcé aucune parole contre l’Eglise. «Son discours avait été envoyé à l’Académie plus tôt, a-t-il affirmé, comme cela se fait toujours».
Ce n’est donc pas la participation du biologiste controversé qui a nécessité de fermer le colloque au public, a-t-il assuré, mais le fait que la présence des journalistes et d’un public aurait pu «perturber la discussion».
Mgr Sorondo était accompagné lors de la conférence de presse de plusieurs participants à ce congrès, dont le microbiologiste et généticien suisse Werner Arber, Prix Nobel de physiologie ou médecine en 1978 et président de l’Académie pontificale des sciences, ainsi que le botaniste américain Peter Hamilton Raven. (cath.ch/imedia/ah/be)