Mauritanie: La société civile craint la montée de l’extrémisme musulman

Craignant la montée de l’extrémisme musulman en Mauritanie, la société civile se mobilise. Elle a lancé une campagne intitulé «Stop Daech in  #Mauritania». L’objectif est de récolter quatre mille signatures, qui seront transmises au secrétaire général de l’ONU António Guterres.

Les pétitionnaires craignent une infiltration de l’Etat islamique (EI) dans un pays où, historiquement, le peuple est attaché à la pratique d’un islam pacifique, ouvert et tolérant. Le site d’informations en ligne «avaaz.org« interpelle le secrétaire général des Nations Unies «pour empêcher l’installation de Daech en Mauritanie».

Selon les initiateurs de la pétition, depuis quelques années, une «secte»«mafia» profite de l’attachement des Mauritaniens à leur religion pour tenter de s’emparer du pouvoir et mettre sur pied une base de l’EI (l’Etat islamique) dans le pays.  Il s’agit d’un lobby «politico»«financier» actif dans la «corruption, le blanchiment d’argent, etc…». Il est appuyé par un autre lobby «politico»«religieux» spécialisé dans le «charlatanisme, le recrutement d’ex»«combattants terroristes, entre autres, avec la complicité d’une section des services de renseignements mauritaniens».

Dérive islamiste

«Sous prétexte de défendre l’islam», ils dressent «un rideau de fer qui s’abat petit à petit sur la société civile, les voix critiques du régime, les activistes, la presse et l’élite indépendante ainsi que l’opposition authentique». Le pays se dirige inéluctablement vers «un état de peur, d’inquisition, de terrorisme intellectuel et physique».

Dans un article publié sur son site, dimanche 12 février 2017 et consacré à la pétition, le CRIDEM (Carrefour de la République Islamique de Mauritanie) déplore la montée de l’extrémisme religieux en Mauritanie. L’intolérance s’est particulièrement illustrée ces derniers temps, tant dans le domaine judiciaire que dans la rue, lors de l’affaire Mohamed Ould M’Kheitir.

Jeune blogueur condamné pour «apostasie»

Ce jeune blogueur, âgé aujourd’hui de 30 ans, a été interpellé le 2 janvier 2014, inculpé d’apostasie pour un article publié sur le site internet d’information mauritanien Aqlame. Son texte est qualifié par les juges de «blasphématoire envers le prophète de l’islam». Le 25 décembre 2014, Mohamed Ould M’Kheitir a été reconnu coupable d’apostasie et condamné à mort par le tribunal de la Cour criminelle de Nouadhibou, au nord-est de la Mauritanie.

Dans cet article, il affirmait que certaines personnes en Mauritanie se servaient de la religion pour justifier des discriminations raciales ou de caste. Il citait des exemples inspirés de la vie du prophète Mahomet pour condamner cette pratique. Son article a déclenché des manifestations auxquelles ont participé des milliers de personnes devant le palais présidentiel. Sa condamnation à mort pour avoir parlé «avec légèreté» du prophète a été annulée le 31 janvier dernier par la Cour suprême,  qui a ordonné son renvoi devant une cour d’appel, pour le juger à nouveau.

Violentes attaques d’extrémistes religieux

Depuis cette décision, les magistrats de la haute juridiction font l’objet de violentes attaques de la part d’extrémistes religieux. Ce qui rend incertain le sort du jeune blogueur dont la tête a été mise à prix par certains fanatiques musulmans. Ils ne sont pas inquiétés par les autorités qui préfèrent ménager autant que possible les religieux. Depuis son arrestation et son incarcération, à la fin de l’année 2014, les manifestations de rue demandant son exécution se multiplient. (cath.ch/avaaz/cridem/ibc/be)

 

Mauritanie Mohamed Ould M’Kheitir, accusé d'apostasie et menacé de mort (Photo DR afrique.le360.ma)
13 février 2017 | 15:43
par Jacques Berset
Temps de lecture : env. 2  min.
António Guterres (9), Daech (159), EI (4), Mauritanie (13), ONU (187)
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