Naturalisation facilitée: une victoire contre la déshumanisation
«Une victoire éclatante contre les forces visant à déshumaniser les personnes». C’est ainsi que la conseillère nationale socialiste Ada Marra accueille l’acceptation à 60% par le peuple suisse, le 12 février 2017, de la naturalisation facilitée pour les étrangers de la troisième génération.
Ada Marra est aux anges. Elle ne s’attendait pas à un résultat aussi net en faveur de l’initiative pour laquelle est s’est activement engagée. «Sur les questions migratoires, les votations sont toujours difficiles», rappelle-t-elle. La politicienne est satisfaite que le peuple suisse se soit montré solidaire avec cette population des étrangers de la troisième génération. «Ce sont des personnes qui sont de toutes façon déjà intégrées» souligne-t-elle.
Une victoire aussi pour les musulmans?
Elle se réjouit également que le discours des opposants n’ait pas été entendu. «L’affiche présentant une femme en niqab a été particulièrement contreproductive», estime-t-elle. «Les Suisses ont fait confiance aux institutions. Ils ne se sont pas laissés embobinés par des arguments fallacieux». Pour elle, c’est ainsi également une belle victoire pour les musulmans du pays. Car les citoyens n’ont pas fait l’amalgame entre islam et menace.
La force du symbole
«Même si sur le fond c’est une ‘réformette’ que l’on a réussi à faire passer, c’est plus fort au niveau symbolique», relève Ada Marra. La Vaudoise se réjouit que l’on se soit distancié de la dialectique du «eux» et «nous». «Lorsqu’on applique cette grille de lecture, l’autre, l’étranger, se retrouve déshumanisé», déplore-t-elle. Malgré le succès de la votation, elle appelle ainsi à rester vigilant face à cette tendance «déshumanisante» qui se développe de par le monde. Cette initiative était en cohérence avec les valeurs chrétiennes, humaines et universelles qu’elle revendique. «Pour moi, nous sommes une seule race d’êtres humains». Elle trouve donc normal d’accorder à tous une même valeur. RZ
La RIE III est rejetée, la prudence reste de mise pour les Eglises
La troisième réforme de l’imposition des entreprises (RIE III) a été rejetée à 59% par le peuple suisse, le 12 février 2016. Les Eglises craignaient que la réforme n’entraîne une baisse de leurs revenus.
La votation avait pour but d’adapter le système fiscal suisse aux normes internationales. Il était notamment question de supprimer les privilèges fiscaux pour certaines entreprises. La mouture ficelée par le Parlement n’a cependant pas convaincu le peuple. Les opposants ont affirmé que les ajustements proposés profitaient trop aux entreprises et provoqueraient un manque à gagner pour les collectivités publiques. Les Eglises reconnues par l’Etat se sont également inquiétées des pertes de revenus qu’aurait pu signifier la RIE III.
Quelle implication politique des Eglises?
Daniel Kosch, secrétaire général de la Conférence centrale catholique romaine (RKZ), qui fédère toutes les Eglises cantonales catholiques du pays, préfère rester prudent quant aux perspectives qui s’annoncent à présent. Même si la situation devrait rester la même pour un certain temps, il souligne que le problème de l’imposition des entreprises n’est pas résolu et que la discussion devra de toute façon continuer. «Il est clair que le Parlement devra faire des concessions, mais une nouvelle votation sur le sujet est inévitable», assure-t-il.
Pour le responsable de la RKZ, l’inconnue concerne la façon dont les cantons et les corporations ecclésiastiques cantonales vont se positionner dans le débat. Si des politiques fiscales moins contraignantes sont appliquées aux personnes morales, les Eglises choisiront elles de s’impliquer pour obtenir des compensations auprès des pouvoirs publics? Ou considéreront-elles que la question n’est pas en premier lieu de leur ressort?
Dilemmes éthiques
Daniel Kosch remarque que des dilemmes éthiques se posent également. Plusieurs Eglises, notamment l’Eglise catholique dans le canton de Zurich, ont mis en avant le fait que la RIE III, en supprimant les privilèges fiscaux aurait introduit un système fiscal plus juste. Tout en soulignant les effets financiers potentiels sur ses ressources, elle avait ainsi renoncé à émettre une consigne de vote. «Sur ce point de l’éthique comme sur celui des finances, la discussion va de toute façon se poursuivre», conclut Daniel Kosch. (cath.ch/rz)