Les chrétiens béninois s'inquiètent de l'interdiction des processions de rue (Photo:YouTube.com)
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Bénin: les prières et les processions de rue interdites

Les prières et les processions religieuses sont désormais interdites dans les rues du Bénin. La mesure suscite une grande inquiétude au sein des confessions religieuses, notamment chez les chrétiens et les musulmans.

Selon les médias locaux, cette décision de Sacca Lafia, ministre en charge des cultes, a été prise dans le cadre d’une «opération de libération du domaine public». Joseph Djogbénou, ministre de la Justice, de la législation et des droits de l’homme, a renforcé la disposition, expliquant que les manifestations religieuses de rue peuvent «empêcher la libre circulation des personnes et des biens dans la République».

Une mesure «inopportune»

Les dirigeants musulmans et chrétiens du pays, ainsi que des hommes politiques, se sont indignés d’une mesure «inopportune et malvenue». Ils lui ont reproché de restreindre la liberté des citoyens, telle que garantie par la Constitution.

Latif Issouf, imam d’une mosquée de Cotonou, la capitale du Bénin, a rappelé que ses fidèles ne priaient dans la rue que quelques minutes, uniquement le vendredi, à cause d’un manque de place dans le lieu de culte. Il a assuré que toutes les dispositions nécessaires étaient prises pour que cela ne gêne pas la circulation.

Appel à des prières de rue massives

Sur le site d’information beninwebtv.com, un prêtre catholique a aussi critiqué le fait d’interdire les chemins de croix ou autres processions. Il a rappelé que ces événements ne se déroulaient qu’une seule fois dans l’année, avec parfois un encadrement des forces de l’ordre. Hounnon Alotchékon, un dignitaire catholique, a lui estimé que l’interdiction des processions religieuses portait atteinte à l’Etat laïc.

Le député musulman Issa Salifou a vivement dénoncé cette mesure et appelé tous les musulmans du pays à une grande mobilisation, notamment par des prières de rue massives tous les vendredis.

Face à la levée de boucliers, le président béninois Patrice Talon doit s’entretenir le 4 février 2017 avec les responsables musulmans. Le ministre des cultes doit rencontrer les représentants des autres religions. Le gouvernement s’est justifié en rappelant avoir déjà interdit l’occupation des voies publiques pour des manifestations profanes telles que des anniversaires. (cath.ch/ibc/ag/rz)

Les chrétiens béninois s'inquiètent de l'interdiction des processions de rue
2 février 2017 | 14:41
par Raphaël Zbinden
Temps de lecture : env. 1  min.
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