Les oulémas mettent garde le parlement sénégalais contre le vote d'une loi légalisant l'avortement. (Photo: Flickr/Stephen Jaffe-IMF/CC BY-NC-ND 2.0)
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Sénégal: les oulémas mettent en garde contre la légalisation de l’avortement

La Ligue des oulémas du Sénégal (RABITA) a mis en garde, lundi 30 janvier 2017, l’Assemblée nationale du pays contre le vote d’une loi visant à légaliser l’avortement, rapporte l’Agence de presse sénégalaise (APS).

L’Association des femmes médecins du Sénégal (AFEMS), l’Association des juristes sénégalaises (AJS), et plusieurs organisations non gouvernementales (ONG) appellent le gouvernement et le Parlement à légaliser l’avortement sous condition, notamment en cas de viols ou d’inceste. Elles évoquent le nombre élevé de cas d’avortements clandestins dans le pays. En 2012, 51’500 cas ont été recensés, soit un taux de 17 avortements pour 1000 femmes âgées de 15 à 44 ans. «Cela signifie que chaque année, près de 2 % des femmes avortent au Sénégal», déclare Khady Bâ, chargée de programme à l’AJS.

Application du Protocole de Maputo

Moustapha Diakhaté, président du groupe parlementaire de l’Alliance pour la République (APR) du président Macky Sall, majoritaire à l’assemblée nationale, s’est joint à l’AJS. Dans un communiqué publié le 21 janvier dernier, il a indiqué que «l’avortement médicalisé est un droit pour toute victime de viol ou d’inceste. C’est aussi un devoir pour la République du Sénégal, de créer toutes les conditions de l’application du Protocole de Maputo», la charte africaine des droits de l’homme de 2003.

Selon lui, l’article 14 du Protocole de Maputo autorise l’avortement médicalisé, en cas d’agression sexuelle, de viol, d’inceste et lorsque la grossesse met en danger la santé mentale et physique de la mère, sa vie ou en cas de grave malformation du fœtus». «Peut-on (dès lors) refuser aux femmes le droit à la santé? D’autant que 30% de décès maternels sont liés à la pratique de l’avortement clandestin», a-t-il fait remarquer.

L’islam interdit l’avortement, sauf en cas de danger pour la mère

Pour les oulémas du Sénégal, composés d’imams, de prêcheurs et de marabouts, qui tenaient leur Assemblée générale annuelle, l’islam interdit l’avortement. Tous les érudits musulmans, particulièrement ceux de la voie Malékite, s’accordent sur cette interdiction, «quel que soit l’avancement de la grossesse». «L’avortement ne doit en aucun être pratiqué, sauf en cas de danger pour la vie de la mère», ont relevé les religieux sénégalais.

Ils ont exprimé leur «grande préoccupation face à la perte des valeurs, la dépravation des mœurs, la violence dans toutes ses formes et dans tout le pays», rapportes quotidiennement par les médias. Cette perte des valeurs constitue «un marché ouvert à toute forme de perversion», ont-ils souligné. (cath.ch/ibc/com/bh)

Les oulémas mettent garde le parlement sénégalais contre le vote d'une loi légalisant l'avortement.
31 janvier 2017 | 17:39
par Bernard Hallet
Temps de lecture : env. 2  min.
Avortement (195), ouléma (5), Sénégal (171)
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