Cardinal Barbarin: «Les fruits de l'Année de la miséricorde sont magnifiques!»
Le cardinal Philippe Barbarin, archevêque de Lyon, est l’envoyé spécial du pape François pour le 4e Congrès mondial de la miséricorde à Manille, du 16 au 20 janvier 2017. Après Rome en 2008, Cracovie en 2011, Bogota en 2014, le nouveau Congrès mondial se tient en Asie, sur le thème de la communion et de la mission. Le cardinal Barbarin précise à l’agence I.MEDIA les enjeux de cet événement et revient sur l’Année sainte de la miséricorde.
Vous représentez le Vatican au Congrès mondial de la miséricorde aux Philippines. Pouvez vous expliquer ce choix de la part du pape?
Cardinal Barbarin: La première fois que le pape a nommé un envoyé spécial, c’était au 3ème Congrès mondial, à Bogota, en 2014. Il s’agissait du cardinal Errazuriz Ossa, archevêque émérite de Santiago du Chili. En octobre dernier, il a confié cette mission au cardinal de Kinshasa, pour un Congrès régional qui a eu lieu au Rwanda. Il montrait ainsi son intérêt, que nous connaissons bien, pour le thème de la Miséricorde. Cette fois-ci, il avait choisi le cardinal Schönborn, cheville ouvrière de ces congrès depuis le début. Mais à cause d’une longue et mauvaise grippe dont il se sort difficilement, les médecins lui ont demandé d’y renoncer. C’est pourquoi il a suggéré au pape de me nommer, car je participe aussi à la belle aventure de ces congrès depuis l’origine.
Quelles sont vos attentes et quel sera votre rôle?
Le rôle est minime: présider une messe, donner une conférence, des choses que j’ai déjà faites dans les congrès précédents. Mais symboliquement, c’est fort: montrer à un peuple qui souffre que cet événement compte pour le pape, qu’il les assure de sa proximité. Pour moi, ce sera une découverte, comme la Colombie en 2014. Là-bas, nous avions surtout entendu parler de la drogue et des narco-trafiquants. A Manille, les problèmes sont autres et très graves: la santé publique, la violence, les enfants maltraités et exploités… Une nuit, le Père Matthieu Dauchez et son équipe m’emmèneront dans les rues de Manille pour découvrir ce drame et, si possible, y apporter un peu de réconfort.
Quels sont, rétrospectivement, les fruits de cette Année de la miséricorde qui s’est achevée fin novembre?
Des fruits magnifiques! Avant, ce mot si important dans la Bible ne venait presque jamais sur les lèvres des chrétiens, soit par orgueil – je n’ai pas besoin de miséricorde! – soit parce qu’il faisait un peu vieillot. Maintenant, tout le monde a compris qu’il est central dans la Bible, depuis l’Exode: «J’ai vu, j’ai vu la misère de mon peuple. J’ai entendu son cri (…) je suis descendu pour le délivrer» (3, 7-8) jusqu’à la parabole du bon Samaritain, que Jésus avait introduite par cette exclamation enthousiaste: «Heureux les yeux qui voient ce que vous voyez!…» Cette parabole résume toute sa mission: s’approcher, panser les plaies, charger sur sa propre monture , mener à l’hôtellerie l’homme blessé… (Luc 10, 23 et 29-37). Pour nous qui sommes ses disciples, voilà l’exemple à imiter.
Vous-même, êtes-vous entré dans une compréhension plus fine de la miséricorde au cours de cette année?
Oui, je viens d’en donner un exemple. Il y a quarante paraboles, mais interrogez les gens et vous verrez que les préférées, sans conteste, sont le bon Samaritain et l’enfant prodigue, parce qu’elles sont précisément les grandes paraboles de la miséricorde, toutes deux en saint Luc. J’ai pris aussi le temps de regarder de près les rencontres de Jésus avec Zachée, avec la femme adultère, avec la Cananéenne ou la Samaritaine, des merveilles… et je lui demandais: «Montre-moi, Seigneur, comme ton cœur est miséricordieux». Finalement, la devise du pape François dit tout en nous rappelant l’exemple de ce pauvre Matthieu, à moitié esclave de l’argent. Jésus le délivre et lui dit: «Suis moi» … On ne va pas se laisser arrêter par tes misères. J’ai besoin de toi pour que la miséricorde soit victorieuse! (cath.ch/imedia/ap/rz)