Le pape condamne la «folie homicide» commise au nom de Dieu
Devant le corps diplomatique accrédité auprès du Saint-Siège, le pape François a notamment appelé, le 9 janvier 2017, à condamner une nouvelle fois la violence «au nom de Dieu». Lors de la traditionnelle cérémonie des vœux, le Souverain pontife a demandé aux autorités religieuses de ne pas accepter «d’opposition» entre Dieu et l’amour du prochain, et aux autorités politiques de réaffirmer le droit à la liberté religieuse.
Au début de son long discours, le pape a fait le constat d’un «sentiment général de peur» et d’un climat «d’incertitude et d’angoisse pour l’avenir». Citant ainsi la liste des pays touchés par le terrorisme fondamentaliste au cours de l’année 2016: Afghanistan, Bangladesh, Belgique, Burkina-Faso, Egypte, France, Allemagne, Jordanie, Irak, Nigéria, Pakistan, Etats-Unis, Tunisie et Turquie.
Pour le pontife, c’est «une folie homicide qui abuse du nom de Dieu pour semer la mort». «Je fais donc appel à toutes les autorités religieuses, a-t-il ajouté, afin qu’elles soient unies pour rappeler avec force qu’on ne peut jamais tuer au nom de Dieu». Fruit d’une grave «misère spirituelle» et d’une grande pauvreté sociale, a encore poursuivi le successeur de Pierre, ce terrorisme ne peut être vaincu qu’avec l’aide des leaders politiques et religieux, dans un dialogue «possible et nécessaire».
Aux chefs religieux, le pontife a donc demandé de transmettre des valeurs religieuses qui n’admettent pas «d’opposition entre la crainte de Dieu et l’amour du prochain». Face aux autorités politiques, le pape François a souligné l’importance du droit à la liberté religieuse, et celui de reconnaître la contribution «positive» exercée par les religions dans la société.
La paix, vertu et don
Pour les chrétiens, la paix n’est pas simplement «l’absence de guerre», a affirmé le pape, ni l’équilibre de forces adverses. Elle est une «vertu active» et un «don du Seigneur», a-t-il expliqué, elle est le fruit d’un «ordre» implanté par Dieu dans la société humaine. D’où la nécessité d’un développement «intégral» qui tienne compte de la «dignité transcendante» de l’homme.
Le Souverain pontife a ainsi souligné la nécessité du pardon, du lien entre la justice et paix, et de la non-violence, dont il a fait le thème de son Message du 1er janvier. Au titre de la miséricorde, le pape François a souhaité des sociétés «ouvertes et accueillantes envers les étrangers«. Ce qui suppose, a-t-il souligné, de conjuguer le «droit» de tout homme à émigrer et pour le pays, la possibilité d’intégrer les migrants, sans menacer sa «sécurité» et son «identité culturelle».
Respect des lois et traditions
Les migrants, de leur côté, ne doivent pas «oublier qu’ils ont le devoir de respecter les lois, la culture et les traditions du pays dans lesquels ils sont accueillis», a-t-il souligné. La politique migratoire est ainsi pour le pape une démarche «prudente», sans aller jusqu’à des politiques de «fermeture». Elle implique en revanche d’évaluer avec «sagesse et prévoyance» jusqu’à quel point le pays d’accueil peut offrir une vie «décente» aux migrants.
Le problème migratoire pose en réalité la question du «bien commun international», a poursuivi le pontife, car la paix passe par le développement. Il a aussi remercié tout spécialement l’Italie, l’Allemagne, la Grèce et la Suède pour leur accueil généreux.
Le souci des enfants et des jeunes
Le pape François a ensuite poursuivi par un certain nombre de préoccupations récurrentes du Saint-Siège en matière internationale. D’abord le souci des enfants et des jeunes, et notamment la priorité mise sur la «défense des enfants» face à l’exploitation, le travail clandestin, la prostitution. Puis la Syrie, avec le souhait que «la trêve récemment signée puisse être un signe d’espérance pour tout le peuple syrien».
La Corée du Nord également, avec des expériences nucléaires et des questions «inquiétantes» posées en matière de course aux armements. Le Saint-Siège s’emploiera en 2017 à promouvoir une «éthique de la paix et de la sécurité» dans le commerce des armes, a-t-il affirmé. Le pontife a également rappelé l’engagement du Saint-Siège en faveur d’initiatives de paix, entre Cuba et les Etats-Unis les années précédentes, en Colombie, en République démocratique du Congo et au Venezu ela actuellement.
L’Europe doit retrouver son identité
Enfin, le pape François a conclu son discours par un appel à l’Europe: 60 ans après la fondation de l’Union européenne, dans un moment «décisif» de son histoire, «elle est appelée à retrouver son identité». Ce qui implique selon lui de redécouvrir «ses propres racines» et de faire naître un «nouvel humanisme» basé sur la capacité «d’intégrer, de dialoguer et de générer» un avenir pour les jeunes. (cath.ch/imedia/bh)