Genève: menaces sur la contribution religieuse volontaire
A Genève, la possibilité offerte aux citoyens de verser une contribution religieuse aux trois Eglises reconnues par le droit publique pourrait être supprimée. L’Eglise catholique romaine dans le canton (ECR) craint une perte d’environ 20% de revenus de dons.
Les députés devront se prononcer en 2017 sur ces propositions déposées par l’extrême gauche genevoise, dans le cadre du projet de loi sur la laïcité, rapporte la RTS le 3 janvier.
Actuellement, le canton de Genève ne connaît pas d’impôt ecclésiastique. L’Etat perçoit et redistribue cependant la contribution volontaire des fidèles des Eglises catholique romaine, protestante et catholique chrétienne. La gauche de la gauche voudrait ainsi supprimer la possibilité pour les citoyens genevois de verser une contribution religieuse à travers leur déclaration de revenus. Sur la RTS, le député d’Ensemble à Gauche Pierre Gauthier affirme que cette pratique représente «une inégalité de traitement entre les citoyennes et les citoyens», une option «inacceptable du point de vue de la République».
Les Eglises, des associations comme les autres?
Les Eglises dans le canton de Genève ne voient pas d’un bon œil ces propositions. Eric Vulliez, responsable des finances pour l’Eglise protestante (EPG), parle de «25% de revenus de dons qui disparaîtraient d’un jour à l’autre».
Guylaine Antille, responsable de la communication à l’ECR, estime que son institution perdrait environ 20% de ses revenus de dons. Telle est la proportion de contribuables qui soutiennent ainsi l’Eglise catholique. Si la proposition de loi de l’extrême gauche était approuvée, il ne serait pas certain que cette somme puisse être récupérée via un autre canal, indique-t-elle à cath.ch. «Les partis qui ont lancé cette idée considèrent que les Eglises sont des associations comme les autres et qu’elles ne devraient pas bénéficier de ce genre de ‘priviliège’», note-t-elle. «Mais nous pensons que les Eglises traditionnelles ont un rôle particulier dans la société, notamment un rôle de pacification». Guylaine Antille remarque en outre que les institutions religieuses payent pour le service rendu ainsi par l’Etat. Elle souligne que cette voie de donation est importante pour beaucoup de fidèles. Cela représente pour eux un acte civique ainsi qu’un gage de sécurité. Le service peut donner également à ces personnes, par le calcul de l’impôt, une indication de la juste somme à payer par rapport à leurs revenus, relève la responsable de communication.
La part de l’histoire
L’abbé Pascal Desthieux, vicaire épiscopal à Genève, confirme que «même si ce ne serait pas la fin du monde», la suppression de la contribution volontaire «ne serait pas une bonne nouvelle». Il ne partage pas non plus les arguments de la gauche d’une inégalité de traitement. «Comme son nom l’indique, il s’agit d’une contribution volontaire. Personne n’est forcé de faire quoi que ce soit», souligne-t-il. Le vicaire épiscopal rappelle que cette particularité genevoise fait partie de l’histoire du canton.
Un élargissement des bénéficiaires bienvenu
Il est difficile de dire actuellement quelles chances ont les propositions de l’extrême gauche d’être approuvées au Grand Conseil. Le Conseil d’Etat voudrait, de son côté, maintenir ce service de la contribution religieuse volontaire, tout en l’ouvrant aux autres organisations religieuses qui seront reconnues par la nouvelle loi. Si ce projet est retenu, une dizaine de nouvelles organisations pourraient bénéficier de cette prestation. Une perspective qui conviendrait également à l’ECR. «Nous ne sommes pas contre un élargissement des bénéficiaires de ce service», assure ainsi Pascal Desthieux. (cath.ch/rts/rz)