Bartholomée: «Le rejet du dialogue menace notre identité»

Concile panorthodoxe, sauvegarde de la création, réfugiés… Le patriarche orthodoxe Bartholomée Ier réaffirme, dans une interview exclusive accordée au Conseil œcuménique des Eglises (COE), sa foi dans le dialogue œcuménique et interreligieux.

Recevant le COE au siège du Patriarcat œcuménique, à Istanbul, le dignitaire orthodoxe enjoint les chrétiens à garder espoir pour le monde. «Pour un chrétien, il est tentant de juger et de condamner le mal évident qui règne dans la société et dans le monde, admet-il. Pourtant, ce serait une réaction simpliste et contreproductive». Le patriarche souligne que «le défi consiste à ne pas perdre de vue le Christ afin de transformer les ténèbres en lumière, le désespoir en espoir, et la souffrance en réconciliation».

Discernons-nous le visage du Christ chez les réfugiés?

Concernant la problématique des réfugiés, Bartholomée Ier s’interroge: «Discernons-nous le visage du Christ chez nos frères et sœurs, lorsque nous voyons des centaines de milliers de personnes persécutées et poussées à chercher refuge parmi nous?» Il rappelle à ce titre que le Grand Concile panorthodoxe, qui s’est déroulé en Crète en juin 2016, a stipulé que l’Eglise orthodoxe «compatit à tous ceux qui sont privés des biens de la paix et de la justice».

Le patriarche de Constantinople estime que cette rencontre a été «une grande bénédiction». En référence aux tensions qui ont émergé entre certaines des Eglises autocéphales dans le contexte de l’événement, il précise que «ce n’est pas le dialogue qui menace notre identité, mais au contraire le rejet du dialogue et l’auto-enfermement strérile».Pour cette raison également, l’Eglise orthodoxe a toujours encouragé le dialogue interreligieux avec le judaïsme et l’islam, précise-t-il.

L’écologie comme une «responsabilité spirituelle»

Bartholomée Ier est surnommé le «patriarche vert», eu égard à la préoccupation qu’il manifeste depuis 20 ans pour les enjeux environnementaux. Il estime cependant que ce n’est pas la peur des catastrophes qui doit motiver nos comportements face aux changements climatiques. «Nous devrions plutôt le faire car nous reconnaissons l’harmonie du cosmos et la beauté originelle qui existe dans le monde», soutient-il. Batholomée Ier est connu pour avoir défini l’écologie comme une «responsabilité spirituelle». Il juge ainsi que «nous ne pouvons répondre aux exigences et à l’ampleur des changements climatiques que lorsque nous assumons ensemble nos responsabilités de croyants et de citoyens». Le patriarche rappelle ainsi l’importance de la collaboration des Eglises dans leur travail en faveur de l’humanité. Pour Bartholomée Ier, «le mouvement œcuménique conserve son utilité dans notre monde si nous revenons aux principes fondamentaux de l’Evangile: aimer son prochain, nourrir ceux qui ont faim et accueillir l’étranger.» (cath.ch/com/rz)

Bartholomée Ier, patriarche orthodoxe de Constantinople
29 décembre 2016 | 17:37
par Raphaël Zbinden
Temps de lecture : env. 2  min.
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