L'Ordre de Malte rejette la commission d'enquête vaticane
L’Ordre de Malte a annoncé le 24 décembre 2016 qu’il rejetait la commission mise en place par le pape François pour enquêter sur la récente éviction du Grand chancelier de la congrégation.
Le Saint-Siège avait informé le 22 décembre qu‘un groupe de prélats avait été chargé de faire la lumière sur la mise à l’écart d’Albrecht Freiherr von Boeselager. Le Grand chancelier de l’Ordre souverain de Malte aurait été démis de ses fonctions pour avoir décidé de la distribution de préservatifs à des malades du sida en Birmanie, rapporte le 26 décembre le site d’information américain Catholic News Agency (CNA). La hiérarchie des Chevaliers a répondu la veille de Noël que la décision d’éviction était «une action d’administration de gouvernance interne», et que l’affaire était entièrement du ressort de l’Ordre. La création de cette commission «est le résultat d’un malentendu de la part du Secrétariat d’Etat du Saint-Siège», affirme le communiqué de l’Ordre de Malte. Le texte note que les Grand Maître de l’Ordre, Matthew Festing, a écrit une lette au pape François expliquant pourquoi les suggestions du Vatican étaient «inacceptables». La missive assure en même temps le pontife de la «dévotion filiale» que l’Ordre lui voue.
La commission vaticane inclut notamment Mgr Silvano Tomasi, ancien observateur du Saint-Siège auprès de l’ONU.
Démission forcée après deux refus
Selon un communiqué précédent de l’Ordre de Malte, datant du 13 décembre, Albrecht von Boeselager, en sa position de Grand chancelier, était l’objet d’une «situation extrêmement grave et intenable». Matthew Festing aurait convoqué Albrecht von Boeselager à une réunion avec le Grand commandeur de l’Ordre, Ludwig Hoffmann von Rummerstein, ainsi que le représentant papal de la congrégation, le cardinal Raymond Leo Burke, afin de demander la démission du Grand chancelier. Après deux refus de se soumettre à cette démission, Albrecht von Boeselager a été «avec le soutien du Conseil souverain et de la plupart des membre de l’Ordre dans le monde entier», forcé de démissionner dans le cadre d’une «procédure disciplinaire» prévoyant la possibilité de suspendre un membre de l’Ordre.
La raison de l’éviction de l’Allemand était, selon le communiqué des Chevaliers, «due à de graves problèmes s’étant produits alors qu’Albrecht von Boeselager était Grand hospitalier de l’Ordre de Malte et à sa volonté de les dissimuler au Grand maître, comme un rapport mandaté par le Grand maître l’a démontré l’année dernière».
Le 14 décembre, l’Ordre a annoncé la nomination ad interim de John Edward Critien en tant que Grand chancelier.
Une distribution de préservatifs en cause?
Les raisons exactes de la mise à l’écart d’Albrecht von Boeselager restent inconnues. Certains ont spéculé qu’elle était en partie due à un programme auquel la branche humanitaire de l’Ordre a participé il y a quelques années. Ce programme aurait compris une aide à des esclaves sexuelles au Myanmar. Une partie de cette assistance aurait inclus la distribution de préservatifs à des femmes, afin de les protéger contre le sida. Albrecht von Boeselager a cependant argué que les préservatifs avaient été, à ce moment-là, distribués par d’autres programmes d’aide que le sien.
Le Vatican a été informé de l’incident et l’Ordre a cessé d’être impliqué dans le programme, affirme CNA. Un comité d’éthique a ensuite été établi afin d’assurer que de telles erreurs ne soient plus commises dans de futurs projets.
La mise en place par le pape François de la commission d’enquête a pour objectif de faire la lumière sur ce qui s’est réellement passé, note le site d’information américain. On ne sait pas à présent si les revendications de l’Ordre de Malte trouveront une réponse auprès du pontife. (cath.ch/cna/arch/rz)