Le cardinal Raymond Leo Burke se désolidarise de Steve Bannon (Photo:  www.lifesitenews.com)
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Le cardinal Burke exige une «correction formelle» d'Amoris laetitia

Le cardinal nord-américain Raymond Leo Burke poursuit sa croisade contre Amoris laetitia. Il a donné, le 21 décembre 2016, des indications sur le délai qui peut être accordé au pape François pour qu’il apporte une «correction formelle» aux cinq «doutes» (»dubia») exprimés avec une poignée de confrères au sujet de l’exhortation post-synodale signée par le pape à l’occasion du Jubilé extraordinaire de la Miséricorde.

Le prélat ultraconservateur l’a fait dans une interview téléphonique accordée le 21 décembre 2016 au site «pro-vie» américano-canadien LifeSiteNews. Réduisant Amoris laetitia à une «réflexion personnelle du pape» qui ne devrait pas être confondue avec le magistère, au risque de créer une «grande confusion (…) nocive aux fidèles», il fixe un délai pour cette «correction formelle» au début de l’année prochaine.

Un pape qui professerait une «hérésie»

S’il souligne qu’il n’a jamais affirmé que le pape François était en situation d’»hérésie», ni qu’il était proche de l’hérésie, le cardinal nord-américain a cependant déclaré que si un pape venait à «professer formellement l’hérésie, il cesserait, par cet acte, d’être pape». Conformément à la tradition canonique, le cardinal Burke déclare qu’une telle déclaration d’hérésie reviendrait aux membres du Collège des cardinaux.

Raymond Leo Burke est le chef de file des quatre cardinaux qui ont exprimé publiquement des «doutes» (»dubia») au sujet de l’exhortation post-synodale du pape François Amoris laetitia (La joie de l’amour). Il est accompagné par les cardinaux Walter Brandmüller, Carlo Caffarra et Joachim Meisner.

En cause: l’enseignement constant de l’Eglise

Sur le site internet LifeSiteNews, Raymond Leo Burke estime que les «dubia» doivent recevoir une réponse «parce qu’ils ont à faire avec les fondements mêmes de la vie morale et de l’enseignement constant de l’Eglise en ce qui concerne le bien et le mal, diverses réalités sacrées comme le mariage et la sainte communion et ainsi de suite».

Au cours d’un entretien téléphonique avec ce site «pro-vie», il a demandé que soient corrigées les «déclarations confuses» contenues dans l’exhortation Amoris laetitia, qui recèle «une ambiguïté sur des questions morales importantes».

Dans une lettre rendue publique le 14 novembre 2016, les quatre cardinaux ont exprimé leurs questions et doutes sur Amoris laetitia, et demandent une clarification. Dans cette lettre envoyée dans un premier temps à la Congrégation pour la doctrine de la foi figurent cinq interrogations, exprimées sous la forme classique de «dubia» au sujet de l’exhortation apostolique du 19 mars 2016 qui avait suivi le synode sur la famille de 2014 et 2015. Il s’agit notamment du chapitre VIII de ce document, qui traite de l’accompagnement des situations «irrégulières»: concubinage, divorcés-remariés.

Concubinage et divorcés-remariés

Parmi les questions posées en vue d’une clarification et pour dissiper le «désarroi» et la «confusion» des fidèles, les signataires demandent ainsi si l’enseignement de l’encyclique de Jean Paul II Veritatis splendor «fondé sur la Sainte Ecriture et sur la Tradition de l’Eglise, à propos de l’existence de normes morales absolues, obligatoires sans exception, qui interdisent des actes intrinsèquement mauvais, continue à être valide».

Et de se demander «s’il est encore possible d’affirmer qu’une personne qui vit habituellement en contradiction avec un commandement de la loi de Dieu, comme par exemple celui qui interdit l’adultère (cf. Mt 19, 3-9), se trouve dans une situation objective de péché grave habituel».

Même si un tel acte de «correction formelle» est quelque chose de rare dans la vie de l’Eglise, il n’est pas sans précédent, souligne LifeSiteNews, citant un épisode du XIVe siècle, quand le pape Jean XXII fut publiquement contesté par des cardinaux, des évêques et des théologiens laïcs. Le site relève qu’il s’était finalement rétracté alors qu’il avait auparavant nié la doctrine selon laquelle les âmes des justes sont admises à la vision béatifique après la mort, affirmant plutôt qu’il fallait attendre jusqu’à la résurrection générale à la fin des temps. (cath.ch/lsn/be)

 

Le cardinal Raymond Leo Burke se désolidarise de Steve Bannon
22 décembre 2016 | 13:32
par Jacques Berset
Temps de lecture : env. 3  min.
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