Crèche de Bagnes: des migrants qui dérangent
Des grillages, une tente en guise d’étable, Marie Joseph et Jésus sous les traits d’une famille de migrants. La crèche de paroisse de Bagnes (VS) interpelle et ce, jusqu’au Conseil d’Etat valaisan. Oskar Freysinger parle d’»instrumentalisation» quand le curé de la paroisse voit «une manière de montrer le visage du Christ aujourd’hui».
«Quand je vois ces familles quitter Alep, je vois Marie et Joseph, avec leur nouveau-né». Pour le chanoine José Mittaz, le lien est évident. «A Bethléem, personne n’était là pour les accueillir. Ils ont dû ensuite fuir en Egypte pour échapper à la colère d’Hérode. L’histoire continue de se répéter aujourd’hui».
Deux paroissiennes sont à l’origine de «cette crèche d’actualité» installée dans l’église du Châble. »Cette idée m’a tout de suite plu», confie le curé de la paroisse. Sur les réseaux sociaux, en revanche, elle ne crée pas l’unanimité. Une photo publiée sur Facebook suscite, parmi les éloges, une série de commentaires indignés.
Prise d’otage?
Du côté des détracteurs, le conseiller d’Etat valaisan UDC Oskar Freysinger ne mâche pas ses mots. «On prend en otage l’Enfant Jésus, affirme-t-il dans les colonnes du quotidien Le Matin. Noël ne doit sous aucun prétexte être instrumentalisé au nom de la politique. C’est une façon honteuse de désacraliser cette fête».
«Il n’y a rien de politique dans ce message, explique à cath.ch le chanoine José Mittaz. La crèche ne véhicule aucun message, elle est le message au sens biblique du terme. A chacun de l’écouter. Ou non». Il renverse le propos: «En le politisant, Oskar Freysinger prend lui-même en otage le message de la crèche».
«Nous avons mis le bâton dans la fourmilière sans chercher quoi que ce soit, explique José Mittaz. Force est de constater que 2000 ans après, le Christ continue de déranger. Ce n’est pas un mal en soi», confie-t-il en soulignant l’enjeu de la naissance du Christ dans une pauvreté réelle. «En s’identifiant au migrant, le Christ révèle le caractère sacré de tout homme. Celui du réfugié comme celui d’Oskar Freysinger». (cath.ch/pp)