Argentine: «L’Eglise a oublié l’Evangile»
Le Groupe des Prêtres de l’Option pour les Pauvres a publié, le 9 décembre 2016, sa vingtième Lettre ouverte. Ils dressent un bilan très sévère de la première année de gestion de Mauricio Macri, le Président argentin, et critiquent au passage l’épiscopat argentin qui «n’est pas aux côtés des pauvres».
Le collectif, regroupant 150 prêtres et diacres de tout le pays qui travaillent avec les secteurs populaires, estime que «le bilan du Président Mauricio Macri et de son parti ‘Engagement pour le Changement’ est extrêmement négatif et inquiétant». Ils estiment que le changement promis en garantissant le maintien des acquis, la réparation des erreurs commises et la résolution des problèmes en cours, a été un mensonge.
Selon le groupe, la véritable intention de Mauricio Macri consiste en fait à «restaurer le modèle économique néolibéral et la matrice sociale et culturelle d’un conservatisme nocif et anachronique que nous avons déjà connu». Face au mode d’action du gouvernement, les prêtres ont averti: «nous avons déjà vu ce film. Ce modèle ne peut fonctionner sans répression».
Economie détruite
Toujours aussi offensifs, les prêtres estiment que la politique de l’actuel président provoque «la destruction de l’économie et du pays, dont les principales victimes sont les pauvres et les travailleurs (…). La santé, le travail et l’éducation ont en effet cessé d’être considérés comme des droits et se sont convertis en domaines d’exploitation commerciale, (…) le tout, dans un climat de persécution et de démocratie de piètre qualité, servie par une Justice loin d’être indépendante».
En fait, rien n’échappe aux critiques du Collectif. Ni le syndicalisme de fiction, complice du gouvernement, ni les multiples moyens d’incommunication qui servent les intérêts d’une opposition parlementaire (de gauche) amicale et même d’une Eglise qui a oublié l’Evangile.
«L’épiscopat n’est pas aux côtés des pauvres»
Dans un paragraphe du communiqué spécialement destiné à l’Eglise, les Prêtres de l’Option pour les Pauvres continuent de critiquer l’institution. «Ce n’est pas la première fois dans notre histoire que plusieurs secteurs de l’épiscopat paraissent d›avantage préoccupés à ne pas porter préjudice ou à ne pas gêner les puissants, plutôt que de se tenir au côté des plus pauvres».
Pour le Collectif, «si les évêques sont plus préoccupés d’éviter les conflits sociaux sans ce soucier des raisons qui en sont à l’origine et, ainsi, éviter de prendre position en faveur des pauvres, cette attitude ne nous paraît pas très cohérente avec la praxis de Jésus de Nazareth, ni avec les discours récent du pape François».
Face à cette situation, les Prêtres de l’Option pour les Pauvres affirment avoir confiance en un Dieu de la Vie, un Dieu des Pauvres qui, certainement, «nous aidera à ouvrir les chemins d’une démocratie plus juste et inclusive». (cath.ch/jcg/bh)