L'archevêque de Rio condamne l’invasion d’une église par des policiers
Des policiers ont envahi, le 6 décembre 2016, une église du centre de Rio de Janeiro (Brésil) pour tirer des balles en caoutchouc et des bombes lacrymogènes sur des manifestants. En colère, Mgr Orani Tempesta, l’archevêque de Rio, a exigé des excuses de la police et a appelé la population au dialogue.
La manifestation du 6 décembre rassemblait des centaines de fonctionnaires de l’Etat de Rio de Janeiro, parmi lesquels figuraient des agents pénitentiaires, des pompiers, des policiers civils et militaires, des enseignants et des professionnels de la Santé.
D’abord bon enfant, le climat s’est tendu en fin d’après-midi lorsqu’une minorité de manifestants a tenté d’arracher le grillage qui protégeait l’entrée de l’Assemblée législative locale. La police a réagi en tirant des balles en caoutchouc et des bombes lacrymogènes sur des manifestants.
«Des faits lamentables»
Se sentant débordés, les policiers ont investi l’Église Sao Joao voisine. Construite en 1807 et d’inspiration portugaise, ce lieu saint est l’un des édifices caractéristique de l’architecture coloniale portugaise de la «Cité merveilleuse». A ce titre, il est protégé par l’Institut de patrimoine historique national (IPHAN). Un détail que les policiers ont manifestement oublié au moment de l’investir et, comme le montre les images télévisées, de profiter de ce lieu stratégique pour disperser la foule.
Se disant «horrifié» par ces scènes de violence, Mgr Orani Tempesta, Archevêque de Rio, a donc fermement condamné l’invasion par des policiers d’un édifice sacré, les qualifiant de «faits lamentables». Il a demandé à la Police des explications circonstanciées et a exigé qu’un tel épisode ne se reproduise jamais.
Excuses de la Police
En attendant d’être éventuellement entendu par les politiques, le Cardinal de Rio de Janeiro a reçu le 8 décembre, dans sa résidence, le Colonel Wolney Dias Ferreira et Major Ivan Blaz, Commandant–Général et Porte-parole de la Police Militaire de l’État de Rio de Janeiro.
«Nous sommes venus présenter les excuses officielles de la Police Militaire, a expliqué le Colonel. Nous considérons lamentable qu’un temple sacré ait été envahi. Évidemment, il s’agit là d’une décision tactique prise dans le feu de l’action par des hommes qui se sentaient en situation de risque. Nous sommes en train d’auditionner les responsables de cette occupation et travaillons pour qu’une telle situation ne se reproduise jamais».
Appel au dialogue
Par ailleurs, Mgr Orani Tempesta s’est également adressé aux politiques pour leur demander une «plus grande agilité dans la recherche de solutions pour résoudre les conflits liés aux coupes budgétaires». Quant aux manifestants, le Cardinal de Rio leur assuré qu’il comprenait leur très grandes angoisses, mais les a appelés à exprimer leurs craintes dans le dialogue et de manière pacifique.
Dans son intervention au siège de l’archevêché de Rio de Janeiro, le prélat a rappelé que le recours à la violence n’était jamais une solution. «Les solutions efficaces sont trouvées dans la solidarité, le dialogue et le sacrifice, a-t-il ajouté. Plus les problèmes sont importants, plus grande doit être notre capacité de dialoguer. Notre solidarité s’exprime par le souci que les plus pauvres ne se voient pas encore une fois touchés par une dose disproportionnée de sacrifices».
Politique d’austérité
Augmentation des impôts et des charges salariales, abandon de nombreux programmes sociaux dont bénéficient les populations les plus pauvres, augmentation de l’âge de départ à la retraite des personnels de l’Etat de Rio… Les mesures sont d’autant plus lourdes qu’elles s’insèrent dans une politique nationale qui souhaite elle aussi imposer des sacrifices aux brésiliens, à l’image du Projet d’Amendement de la Constitution (PEC 241) qui prévoit de geler notamment les budgets de la Santé et de l’Éducation pendant vingt ans.
Voté fin octobre par l’Assemblée nationale, le PEC 241 est actuellement examiné par les sénateurs. Le tout sur fond de scandales de corruption qui touchent de nombreux élus et membres du gouvernement de Michel Temer, le Président du Brésil.
Michel Temer est d›ailleurs lui-même soupçonné d’être impliqué dans différentes affaires, en plus d’être considéré comme illégitime par une partie importante de la population, qui n’a toujours pas accepté le «coup d’état» judiciaire et parlementaire qui a entraîné la destitution de l’ancienne présidente Dilma Rousseff. (cath.ch/jcg/bh)