Sénégal: l’archevêque de Dakar s'oppose au rétablissement de la peine de mort
Mgr Benjamin Ndiaye, archevêque de Dakar, s’oppose, le 25 novembre 2016, avec d’autres dignitaires religieux, au rétablissement de la peine de mort au Sénégal. Suite à une recrudescence de violence, le pays connaît depuis une semaine, une forte mobilisation en faveur de l’abolition de la loi contre la peine capitale.
Pour l’archevêque de Dakar, il n’est pas question d’un retour de la peine de mort dans le pays. «Ce n’est pas en tuant un meurtrier qu’on pourra faire revenir à la vie celui qui a été tué par un criminel», explique-t-il dans la presse le 24 novembre. «Il faut plutôt que la société se donne les moyens d’éradiquer en son sein, toute violence, car tuer est un geste de violence», a-t-il ajouté, citant la Bible: «tu ne tueras pas, elle s’adresse à tout le monde».
Amadou Makhtar Kanté, imam de la mosquée de Point E, un quartier résidentiel de Dakar, s’est montré tout aussi critique à l’égard du retour de la peine de mort. Il a rappelé que Dieu seul donne et ôte la vie. D’autres dignitaires musulmans se sont également opposés au rétablissement de la peine de mort.
Recrudescence d’homicides
Selon les médias sénégalais, au moins 13 homicides ont été enregistrés à travers le pays depuis fin octobre. L’opinion publique sénégalaise, toute classe confondue, souhaite le rétablissement de la peine de mort dans l’arsenal juridique du pays.
Le pic des meurtres a culminé le 19 novembre, avec l’assassinat, de Fatoumata Makhtar Ndiaye, responsable politique du parti au pouvoir, Alliance pour la république (APR). La vice-présidente du Conseil économique, social et environnemental a été tuée par son chauffeur qu’elle avait pris en flagrant-délit de vol. Mme Ndiaye était endeuillée par la mort récente de son mari. Ce crime sans précédent a choqué les Sénégalais qui vouent un respect particulier aux personnes en période de deuil.
Vers la réclusion à perpétuité, sans libération
Présentant ses condoléances à la famille de la défunte militante de son parti, le président Macky Sall a dit «non» au retour de la peine de mort au Sénégal. Il a en revanche promis de faire évoluer le code pénal vers une condamnation de réclusion à perpétuité contre les auteurs de meurtre, sans possibilité de libération.
Le Sénégal a aboli en juillet 2004, la peine de mort, qu’il avait appliqué deux fois depuis son indépendance en 1960. Un des condamnés à mort fut, Moustapha Lô. Il avait tenté de tuer le chef de l’Etat de l’époque, le catholique Léopold Sédar Senghor, qui assistait à une prière musulmane à la grande mosquée de Dakar, à l’occasion de la fête de l’Aïd el Fitr. (cath.ch/ibc/bh)